Ñòóäîïåäèÿ.Îðã Ãëàâíàÿ | Ñëó÷àéíàÿ ñòðàíèöà | Êîíòàêòû | Ìû ïîìîæåì â íàïèñàíèè âàøåé ðàáîòû!  
 

Jack London. Love Of Live. Stories 16 ñòðàíèöà



reconnaître au marché, eh bien, je n’aurais pas dû généraliser.

Le jour où on a porté mon mari en terre, elle était là.

Parfaitement, comme je vous le dis, elle est venue toute seule. Je

ne l’avais pas reconnue, à ma décharge elle a beaucoup grandi,

comme vous d’ailleurs. Je sais qui vous êtes vous aussi, le petit

garçon au cerf-volant! Je le sais parce que chaque année, dès

que la petite Cléa arrivait dans la station, elle venait me voir et

me tendait un papier pour me demander si le garçon au cerf-

volant était revenu. C’est bien vous, non? Le jour de

l’enterrement de mon mari, elle se tenait à l’arrière du cortège,

toute fine, toute discrète. Je me demandais qui elle était, alors

imaginez ma surprise quand elle s’est penchée à mon oreille et

m’a dit: «C’est moi, c’est Cléa, je suis désolée, madame

Pouchard, je l’aimais beaucoup votre mari, il a été si gentil avec

moi.» J’avais déjà les larmes aux yeux, eh bien ça les a fait

monter d’un cran; tiens, rien que de vous en reparler ça

m’émeut encore.

Mme Pouchard s’essuya les yeux d’un revers de la main, je

lui tendis un mouchoir.

― Elle m’a prise dans ses bras et puis elle est repartie.

Trois cents kilomètres de route à l’aller, trois cents au retour,

juste pour venir rendre hommage à mon époux. Elle est

concertiste, votre Cléa. Ah, je raconte tout dans le désordre, je

suis désolée. Attendez, laissez-moi reprendre là où j’en étais.

- 151 -

L’été où vous n’êtes plus revenu, la petite Cléa a demandé à ses

parents quelque chose de terrible, elle voulait se mettre au

violoncelle. Imaginez la tête de sa mère! Vous rendez-vous

compte du chagrin que ça lui a fait? Votre enfant sourde qui

veut devenir musicienne, c’est comme si vous aviez mis au

monde un cul-de-jatte qui voudrait être funambule. À la

librairie, elle ne choisissait plus que des livres sur la musique, et

chaque fois que ses parents venaient la chercher, ça les

chamboulait un peu plus. C’est le papa de Cléa qui a trouvé le

courage, il a dit à sa femme: «Si c’est ce qu’elle veut, on

trouvera un moyen d’y arriver.» Ils l’ont inscrite dans une école

spécialisée, avec un professeur qui fait écouter les vibrations de

la musique aux enfants en leur mettant des écouteurs sur le cou.

Ah, je vous demande bien où s’arrêtera le progrès. D’habitude,

je suis plutôt contre, mais là, je dois reconnaître que c’était utile.

Le professeur de Cléa a commencé à lui faire apprendre les

notes sur les partitions, et c’est là que le miracle s’est produit.

Cléa, qui n’avait jamais répété un mot correctement, a prononcé

«Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do» tout à fait normalement. La

gamme lui est sortie de la bouche comme un train d’un tunnel.

Et je peux vous dire que ce sont ses parents qui pour le coup en

sont restés muets. Cléa apprenait la musique, elle se mettait à

chanter et les paroles se sont greffées aux notes. C’est le

violoncelle qui l’a sortie de sa prison, une évasion au violoncelle,

c’est quand même pas donné à tout le monde!

Mme Pouchard a tourné sa cuillère dans son chocolat

chaud, elle a trempé ses lèvres dans sa tasse et l’a reposée. Nous

nous sommes tus quelques instants, tous deux perdus dans nos

souvenirs.

― Elle est entrée au Conservatoire national, c’est là qu’elle

étudie. Si vous voulez la retrouver, à votre place je

commencerais par aller voir là-bas.

J’ai fait une provision de sablés et de chocolats pour

Mme Pouchard, nous avons traversé la rue pour lui acheter une

cartouche de cigarettes et je l’ai raccompagnée à sa pension de

famille. Je lui ai promis de revenir la voir aux beaux jours et

de l’emmener se promener sur la plage. Elle m’a conseillé d’être

prudent sur la route et de mettre ma ceinture. À mon âge, a-t-

- 152 -

elle ajouté, ça valait quand même la peine de faire un peu

attention à soi.

Je suis reparti à la tombée du jour et j’ai roulé une bonne

partie de la nuit, je suis arrivé juste à temps pour rendre la

voiture et prendre mon tour de garde.

*

**

De retour en ville, j’ai troqué ma blouse blanche contre

l’habit de détective. Le conservatoire ne se situait pas tout près

de l’hôpital mais je pouvais y aller en métro, il n’y avait que

deux changements pour arriver place de l’Opéra. Le

conservatoire se trouvait juste derrière. Le problème, c’était mes

horaires. Les examens de fin de semestre approchaient: entre

les révisions et mes gardes, les seuls moments de liberté dont je

disposais étaient bien trop tard. Je dus attendre dix jours pour

pouvoir m’y rendre avant l’heure de la fermeture, et les portes

fermaient quand j’y arrivai, essoufflé d’avoir couru à perdre

haleine dans les couloirs du métro. Le gardien me pria de

revenir le lendemain, je le suppliai de me laisser entrer, je

devais absolument rejoindre le secrétariat.

― Il n’y a plus personne à cette heure-là, si c’est pour

déposer un dossier d’admission, il faudra revenir avant

17 heures.

Je lui avouai que je n’étais pas venu pour cela. J’étais

étudiant en médecine et ma présence ici n’avait d’autre raison

que l’espoir de retrouver une jeune femme pour qui la musique

comptait beaucoup. Le conservatoire était la seule piste dont je

disposais, mais il fallait que quelqu’un veuille bien me

renseigner.

― Vous êtes en quelle année de médecine? me demanda le

gardien.

― À quelques mois de mon internat.

― À quelques mois de son internat, on est assez qualifié

pour jeter un coup d’œil à une gorge? Depuis deux jours, la

mienne me brûle quand j’avale et je n’ai pas le temps ni les

moyens d’aller voir un médecin.

- 153 -

J’acceptai bien volontiers de l’ausculter. Il me laissa entrer

et la consultation se fit dans son bureau. En moins d’une minute

je diagnostiquai une angine. Je lui proposai de passer me voir le

lendemain aux Urgences, je lui remettrais une ordonnance et il

pourrait aller retirer des antibiotiques à la pharmacie de

l’hôpital. Ce service rendu, le gardien me demanda le nom de

celle que je cherchais.

― Cléa, lui dis-je.

― Cléa comment?

― Je ne connais que son prénom.

― Vous plaisantez, j’espère.

L’expression de mon visage indiquait le contraire.

― Écoutez, docteur, j’aimerais beaucoup vous aider à mon

tour mais comprenez que cet établissement accueille deux cents

élèves à chaque rentrée, certains ne restent que quelques mois,

d’autres y poursuivent leurs études plusieurs années, et

quelques-uns entrent même dans les différentes formations

musicales qui dépendent du conservatoire. Ne serait-ce que sur

les cinq dernières années, près de mille personnes ont été

recensées dans nos registres, et le classement ne se fait pas par

les prénoms mais par les noms de famille. Ce serait un travail de

fourmi que de retrouver votre... comment s’appelle-t-elle déjà?

― Cléa.

― Oui, mais hélas, Cléa sans nom... je ne peux rien faire

pour vous, j’en suis désolé.

Je repartais aussi dépité que j’avais pu être heureux quand

le gardien avait consenti à m’ouvrir sa porte.

Cléa sans nom. Voilà ce que tu étais dans ma vie, une petite

fille de mon enfance, devenue femme aujourd’hui, un souvenir

complice, un vœu que le temps n’avait pas exaucé. En marchant

dans les couloirs du métro je te revoyais courir devant moi sur

la digue, tirant ce cerf-volant qui tournoyait dans les airs; Cléa

sans nom, mais qui faisait des «8» et des «S» parfaits dans le

ciel. La petite fille au rire de violoncelle, dont l’ombre m’avait

appelé à l’aide sans trahir son secret; Cléa sans nom mais qui

m’avait écrit: Je t’ai attendu quatre étés, tu n’as pas tenu ta

promesse, tu n’es jamais revenu.

- 154 -

De retour chez moi, je retrouvai Luc qui faisait toujours la

tête. Il me demanda pourquoi j’avais une mine aussi blafarde. Je

lui racontai ma visite au conservatoire et pourquoi j’avais fait

chou blanc.

― Tu vas rater tes examens si tu continues. Tu ne penses

plus qu’à cela, qu’à elle. Tu perds la boule, à poursuivre un

fantôme, mon vieux.

Je l’accusai d’exagérer.

― J’ai fait un peu de ménage pendant que tu allais perdre

ton temps. Tu sais combien de feuilles j’ai trouvées dans la

corbeille à papier? Des dizaines, et ce ne sont ni des résumés de

cours, ni des formules de chimie mais des visages dessinés,

toujours le même. Tu as un joli coup de crayon, tu ferais mieux

d’utiliser tes talents pour faire des croquis d’anatomie. As-tu au

moins pensé à dire à ce gardien que ta Cléa étudiait le

violoncelle?

― Non, je n’y ai pas pensé.

― Et abruti en plus! grommela Luc en se laissant choir

dans le fauteuil.

― Comment as-tu appris que Cléa jouait du violoncelle, je

ne te l’ai jamais dit?

― Dix jours que je suis réveillé par Rostropovitch, que je

dîne avec Rostropovitch et me couche en entendant du

Rostropovitch. On ne se parle plus, le violoncelle a remplacé nos

conversations, et tu me demandes comment j’ai deviné! Et

quand bien même tu retrouverais cette Cléa, qui te dit qu’elle te

reconnaîtrait?

― Si elle ne me reconnaissait pas, je me résignerais.

Luc me regarda un instant et, soudain, tapa du poing sur le

bureau.

― Jure-le-moi! Jure-le sur ma tête, non, mieux encore,

jure-moi sur notre amitié que si vous vous croisiez et qu’elle ne

te reconnaissait pas tu tirerais un trait sur cette fille une fois

pour toutes et que tu redeviendrais immédiatement celui que

j’ai connu.

J’acquiesçai d’un mouvement de tête.

― Je ne travaille pas demain, je passerai à l’hôpital

chercher les antibiotiques et j’irai les porter de ta part au

- 155 -

gardien du conservatoire, j’en profiterai pour essayer d’en savoir

plus, promit Luc.

Je le remerciai et lui proposai de l’emmener dîner. Nos

moyens étaient restreints, mais au restaurant, aussi modeste

soit-il, nous n’entendrions plus le violoncelle.

Nous avons échoué dans un bistrot de quartier. Nous

sommes rentrés un peu plus qu’éméchés et, alors que Luc

s’asseyait sur un banc parce que la tête lui tournait, il me confia

son embarras. Il avait fait une gaffe, me dit-il, jurant aussitôt

qu’il ne l’avait pas fait exprès.

― Quel genre de gaffe?

― J’ai déjeuné avant-hier à la cafétéria, Sophie s’y trouvait

et je me suis assis à sa table.

― Et?

― Et elle m’a demandé comment tu allais.

― Qu’as-tu répondu?

― Que tu allais aussi mal que possible. Et, comme elle

s’inquiétait, j’ai voulu la rassurer. Je crois avoir laissé échapper

un mot ou deux sur tes préoccupations.

― Tu ne lui as tout de même pas parlé de Cléa?

― Je n’ai pas donné son nom, mais je me suis très vite

rendu compte que j’en avais trop dit. J’ai pu laisser entendre

que tu t’étais mis en tête de retrouver ton âme sœur. J’ai tout de

suite ajouté, en rigolant, que tu avais douze ans quand tu l’avais

rencontrée.

― Comment Sophie a-t-elle réagi?

― Comme Sophie réagit à tout, tu es censé la connaître

mieux que moi. Elle a dit qu’elle espérait que tu serais heureux,

que tu le méritais, que tu étais un type formidable. Je suis

désolé, je n’aurais pas dû. Mais ne va pas t’imaginer que j’ai fait

cette bourde avec une idée derrière la tête. Je n’ai pas cette

intelligence-là. J’étais juste en colère contre toi et j’ai baissé ma

garde.

― Pourquoi étais-tu en colère contre moi?

― Parce que Sophie était sincère en me disant cela.

J’ai pris Luc sous mon épaule pour l’aider à remonter

l’escalier. Je l’ai couché dans mon lit, il était ivre mort, et je me

suis allongé sur sa couette sous la fenêtre de notre studio.

- 156 -

*

**

Luc tint sa promesse. Le lendemain de notre beuverie, en

dépit d’une gueule de bois persistante, il vint me voir à l’hôpital,

récupéra les antibiotiques à la pharmacie et se rendit au

conservatoire. Le don qu’a Luc pour s’attirer la sympathie de

ceux dont il espère quelque chose reste un mystère pour moi.

Personne ne résiste à sa façon de vous enjôler.

Luc remit ses médicaments au gardien et le fit parler de

son métier, le poussa à lui raconter quelques anecdotes sur sa

vie et obtint en une heure la possibilité de consulter à loisir les

registres du conservatoire. Le gardien l’installa à une table et

Luc procéda à ses recherches avec la rigueur d’un enquêteur

professionnel.

Il s’attaqua aux cahiers d’admission des deux années où

Cléa s’était le plus vraisemblablement inscrite. Il en étudia

chaque page, suivant minutieusement les listes d’élèves à l’aide

d’une règle qu’il faisait glisser sur le papier. Au milieu de

l’après-midi, il s’arrêta sur une ligne où figurait le nom de Cléa

Norman, première année section classique, instrument maître,

le violoncelle.

Le gardien lui permit de consulter son dossier et Luc

promit de venir le ravitailler en médicaments si sa gorge le

faisait toujours souffrir dans quelques jours.

*

**

La soirée commençait et je profitai d’un moment de calme

aux Urgences pour aller me restaurer dans le petit café en face

de l’hôpital, quand Luc apparut. Il s’installa à ma table, prit le

menu et commanda entrée, plat et dessert avant même de me

dire bonsoir.

― C’est toi qui m’invites, dit-il en rendant la carte à la

serveuse.

― En quel honneur? lui demandai-je.

- 157 -

― Parce que des amis comme moi, tu n’es pas près d’en

trouver d’autres, crois-moi.

― Tu as découvert quelque chose?

― Si je te disais que j’ai deux places pour le match de

samedi, j’imagine que tu t’en moquerais complètement? Ça

tombe bien, parce que samedi, ta Cléa joue au théâtre de la

mairie. Dvorak, concerto pour violoncelle suivi de la symphonie

no 8. J’ai réussi à t’obtenir une place au troisième rang, tu

pourras la voir de près. Ne m’en veux pas de ne pas

t’accompagner, j’ai eu mon compte de violoncelle pour les cent

ans à venir.

*

**

J’ai cherché dans mon placard comment m’habiller pour le

soir. Il m’avait suffi d’en ouvrir la porte pour faire le tour de mes

affaires. Je n’allais quand même pas me rendre à un concert en

pantalon vert et blouse blanche.

*

**

La vendeuse du grand magasin me conseilla une chemise

bleue et une veste sombre pour aller avec mon pantalon de

flanelle.

- 158 -

Chapitre 11

Le théâtre de la mairie était une petite salle: cent fauteuils

disposés en hémicycle, une scène d’une vingtaine de mètres de

long à peine. La formation qui jouait ce soir-là comptait autant

de musiciens. Le chef d’orchestre salua le public sous les

applaudissements, les musiciens entrèrent en groupe par le côté

droit des coulisses. Mon cœur se mit à battre un peu plus fort, je

le sentais tambouriner jusqu’à mes tempes. Une minute à peine

avait suffi pour que chacun prenne sa place, trop vite pour

discerner la silhouette de celle que je cherchais.

La salle fut plongée dans le noir, le maître leva sa baguette

et les premières notes s’élevèrent. Huit femmes étaient assises

au deuxième rang de la formation, un seul visage attira mon

attention.

Tu étais telle que je t’avais imaginée, plus femme et bien

plus belle encore. Tes cheveux descendaient aux épaules et

semblaient te gêner quand tu maniais l’archet de ton

violoncelle. Impossible de discerner ta partition au milieu du

concert. Puis vint le moment de ton solo, quelques portées

seulement, quelques notes que naïvement j’imaginais destinées

à moi seul. Une heure s’écoula durant laquelle mes yeux ne te

quittèrent jamais. Et quand la salle se leva pour vous applaudir,

je fus celui qui cria bravo le plus fort.

J’ai cru que ton regard avait croisé le mien, je te souriais et

te faisais maladroitement un petit signe de la main. Tu t’inclinas

face au public en même temps que tous tes confrères et le rideau

tomba.

J’allai t’attendre, le cœur fébrile, à la sortie des artistes. Au

bout de cette impasse je guettais le moment où la porte en fer

s’ouvrirait.

- 159 -

Tu apparus dans une robe noire, un foulard rouge nouait ta

chevelure. Un homme te tenait par la taille, tu lui souriais. Je

n’avais jamais pensé que je pourrais me sentir aussi fragile. Je

t’ai vue en compagnie de cet homme, et le regard que tu lui

portais était celui que j’aurais rêvé voir dans tes yeux alors que

tu me regardais. Il avait l’air si grand à tes côtés, et moi si petit

dans cette allée. Si j’avais pu être cet homme, je t’aurais tout

donné, mais je n’étais que moi, l’ombre de celui que tu avais

aimé alors que nous étions enfants, l’ombre de l’adulte que

j’étais devenu.

En arrivant à ma hauteur tu m’as dévisagé. «Nous nous

connaissons?» m’as-tu demandé. Ta voix était claire, telle que

je l’entendais quand tu ne pouvais pas parler, celle de ton ombre

quand elle m’avait appelé à l’aide, il y avait des années. Je t’ai

répondu que j’étais simplement venu t’écouter. Un peu gênée, tu

m’as demandé si je voulais un autographe. Je bafouillais, tu as

réclamé un stylo à ton ami. Tu as griffonné ton prénom sur une

feuille de papier, je t’ai remerciée et tu es partie à son bras. En

t’éloignant, tu as laissé échapper que tu avais ton premier fan et

cette pensée t’a amusée. Ce rire que j’entendais au bout de

l’allée n’avait plus le timbre du violoncelle.

*

**

Je suis rentré chez moi, Luc m’attendait dans l’entrée de

l’immeuble.

― J’étais à la fenêtre, je t’ai vu arriver et à ta tête, je me

suis dit que ce serait mieux que tu ne montes pas seul l’escalier.

J’imagine que les choses ne se sont pas passées comme tu l’avais

espéré. Je suis désolé, mais tu sais, c’était couru d’avance. Ne

t’en fais pas, mon vieux. Allez viens, ne reste pas là comme ça,

allons marcher, ça te fera du bien. On n’est pas obligés de

parler, mais si tu en as envie, je suis là. Demain, tu verras, la

douleur sera moins forte, et après-demain, tu n’y penseras

même plus, crois-moi, les chagrins d’amour ça fait mal les

premiers jours, avec le temps, tout finit par s’arranger, même

mal. Viens, mon vieux, ne reste pas là à te lamenter. Demain, tu

- 160 -

seras un médecin formidable. Elle ne sait pas à côté de qui elle

est passée, mais tu verras, tu la trouveras un jour, la femme de

ta vie. Il n’y aura pas que des Élisabeth ou des Cléa, tu mérites

bien mieux que ça.

*

**

J’ai tenu ma promesse à Luc, j’ai tiré un trait sur mon

enfance et je me suis consacré à mes études.

Le soir, il arrivait parfois que nous nous retrouvions, Luc,

Sophie et moi. Nous révisions ensemble, Sophie et moi notre

internat, Luc ses tests de fin de première année.

Nous avons tous les trois réussi nos examens et fêté cela

comme il se devait.

- 161 -

Chapitre 12

Cet été-là, Sophie et moi n’avions pas de vacances. Luc

était parti passer deux semaines auprès des siens. Il rentra en





Äàòà ïóáëèêîâàíèÿ: 2014-11-19; Ïðî÷èòàíî: 174 | Íàðóøåíèå àâòîðñêîãî ïðàâà ñòðàíèöû | Ìû ïîìîæåì â íàïèñàíèè âàøåé ðàáîòû!



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