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Ãëàâíàÿ Ñëó÷àéíàÿ ñòðàíèöà Êîíòàêòû | Ìû ïîìîæåì â íàïèñàíèè âàøåé ðàáîòû! | |
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reconnaître au marché, eh bien, je n’aurais pas dû généraliser.
Le jour où on a porté mon mari en terre, elle était là.
Parfaitement, comme je vous le dis, elle est venue toute seule. Je
ne l’avais pas reconnue, à ma décharge elle a beaucoup grandi,
comme vous d’ailleurs. Je sais qui vous êtes vous aussi, le petit
garçon au cerf-volant! Je le sais parce que chaque année, dès
que la petite Cléa arrivait dans la station, elle venait me voir et
me tendait un papier pour me demander si le garçon au cerf-
volant était revenu. C’est bien vous, non? Le jour de
l’enterrement de mon mari, elle se tenait à l’arrière du cortège,
toute fine, toute discrète. Je me demandais qui elle était, alors
imaginez ma surprise quand elle s’est penchée à mon oreille et
m’a dit: «C’est moi, c’est Cléa, je suis désolée, madame
Pouchard, je l’aimais beaucoup votre mari, il a été si gentil avec
moi.» J’avais déjà les larmes aux yeux, eh bien ça les a fait
monter d’un cran; tiens, rien que de vous en reparler ça
m’émeut encore.
Mme Pouchard s’essuya les yeux d’un revers de la main, je
lui tendis un mouchoir.
― Elle m’a prise dans ses bras et puis elle est repartie.
Trois cents kilomètres de route à l’aller, trois cents au retour,
juste pour venir rendre hommage à mon époux. Elle est
concertiste, votre Cléa. Ah, je raconte tout dans le désordre, je
suis désolée. Attendez, laissez-moi reprendre là où j’en étais.
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L’été où vous n’êtes plus revenu, la petite Cléa a demandé à ses
parents quelque chose de terrible, elle voulait se mettre au
violoncelle. Imaginez la tête de sa mère! Vous rendez-vous
compte du chagrin que ça lui a fait? Votre enfant sourde qui
veut devenir musicienne, c’est comme si vous aviez mis au
monde un cul-de-jatte qui voudrait être funambule. À la
librairie, elle ne choisissait plus que des livres sur la musique, et
chaque fois que ses parents venaient la chercher, ça les
chamboulait un peu plus. C’est le papa de Cléa qui a trouvé le
courage, il a dit à sa femme: «Si c’est ce qu’elle veut, on
trouvera un moyen d’y arriver.» Ils l’ont inscrite dans une école
spécialisée, avec un professeur qui fait écouter les vibrations de
la musique aux enfants en leur mettant des écouteurs sur le cou.
Ah, je vous demande bien où s’arrêtera le progrès. D’habitude,
je suis plutôt contre, mais là, je dois reconnaître que c’était utile.
Le professeur de Cléa a commencé à lui faire apprendre les
notes sur les partitions, et c’est là que le miracle s’est produit.
Cléa, qui n’avait jamais répété un mot correctement, a prononcé
«Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do» tout à fait normalement. La
gamme lui est sortie de la bouche comme un train d’un tunnel.
Et je peux vous dire que ce sont ses parents qui pour le coup en
sont restés muets. Cléa apprenait la musique, elle se mettait à
chanter et les paroles se sont greffées aux notes. C’est le
violoncelle qui l’a sortie de sa prison, une évasion au violoncelle,
c’est quand même pas donné à tout le monde!
Mme Pouchard a tourné sa cuillère dans son chocolat
chaud, elle a trempé ses lèvres dans sa tasse et l’a reposée. Nous
nous sommes tus quelques instants, tous deux perdus dans nos
souvenirs.
― Elle est entrée au Conservatoire national, c’est là qu’elle
étudie. Si vous voulez la retrouver, à votre place je
commencerais par aller voir là-bas.
J’ai fait une provision de sablés et de chocolats pour
Mme Pouchard, nous avons traversé la rue pour lui acheter une
cartouche de cigarettes et je l’ai raccompagnée à sa pension de
famille. Je lui ai promis de revenir la voir aux beaux jours et
de l’emmener se promener sur la plage. Elle m’a conseillé d’être
prudent sur la route et de mettre ma ceinture. À mon âge, a-t-
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elle ajouté, ça valait quand même la peine de faire un peu
attention à soi.
Je suis reparti à la tombée du jour et j’ai roulé une bonne
partie de la nuit, je suis arrivé juste à temps pour rendre la
voiture et prendre mon tour de garde.
*
**
De retour en ville, j’ai troqué ma blouse blanche contre
l’habit de détective. Le conservatoire ne se situait pas tout près
de l’hôpital mais je pouvais y aller en métro, il n’y avait que
deux changements pour arriver place de l’Opéra. Le
conservatoire se trouvait juste derrière. Le problème, c’était mes
horaires. Les examens de fin de semestre approchaient: entre
les révisions et mes gardes, les seuls moments de liberté dont je
disposais étaient bien trop tard. Je dus attendre dix jours pour
pouvoir m’y rendre avant l’heure de la fermeture, et les portes
fermaient quand j’y arrivai, essoufflé d’avoir couru à perdre
haleine dans les couloirs du métro. Le gardien me pria de
revenir le lendemain, je le suppliai de me laisser entrer, je
devais absolument rejoindre le secrétariat.
― Il n’y a plus personne à cette heure-là, si c’est pour
déposer un dossier d’admission, il faudra revenir avant
17 heures.
Je lui avouai que je n’étais pas venu pour cela. J’étais
étudiant en médecine et ma présence ici n’avait d’autre raison
que l’espoir de retrouver une jeune femme pour qui la musique
comptait beaucoup. Le conservatoire était la seule piste dont je
disposais, mais il fallait que quelqu’un veuille bien me
renseigner.
― Vous êtes en quelle année de médecine? me demanda le
gardien.
― À quelques mois de mon internat.
― À quelques mois de son internat, on est assez qualifié
pour jeter un coup d’œil à une gorge? Depuis deux jours, la
mienne me brûle quand j’avale et je n’ai pas le temps ni les
moyens d’aller voir un médecin.
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J’acceptai bien volontiers de l’ausculter. Il me laissa entrer
et la consultation se fit dans son bureau. En moins d’une minute
je diagnostiquai une angine. Je lui proposai de passer me voir le
lendemain aux Urgences, je lui remettrais une ordonnance et il
pourrait aller retirer des antibiotiques à la pharmacie de
l’hôpital. Ce service rendu, le gardien me demanda le nom de
celle que je cherchais.
― Cléa, lui dis-je.
― Cléa comment?
― Je ne connais que son prénom.
― Vous plaisantez, j’espère.
L’expression de mon visage indiquait le contraire.
― Écoutez, docteur, j’aimerais beaucoup vous aider à mon
tour mais comprenez que cet établissement accueille deux cents
élèves à chaque rentrée, certains ne restent que quelques mois,
d’autres y poursuivent leurs études plusieurs années, et
quelques-uns entrent même dans les différentes formations
musicales qui dépendent du conservatoire. Ne serait-ce que sur
les cinq dernières années, près de mille personnes ont été
recensées dans nos registres, et le classement ne se fait pas par
les prénoms mais par les noms de famille. Ce serait un travail de
fourmi que de retrouver votre... comment s’appelle-t-elle déjà?
― Cléa.
― Oui, mais hélas, Cléa sans nom... je ne peux rien faire
pour vous, j’en suis désolé.
Je repartais aussi dépité que j’avais pu être heureux quand
le gardien avait consenti à m’ouvrir sa porte.
Cléa sans nom. Voilà ce que tu étais dans ma vie, une petite
fille de mon enfance, devenue femme aujourd’hui, un souvenir
complice, un vœu que le temps n’avait pas exaucé. En marchant
dans les couloirs du métro je te revoyais courir devant moi sur
la digue, tirant ce cerf-volant qui tournoyait dans les airs; Cléa
sans nom, mais qui faisait des «8» et des «S» parfaits dans le
ciel. La petite fille au rire de violoncelle, dont l’ombre m’avait
appelé à l’aide sans trahir son secret; Cléa sans nom mais qui
m’avait écrit: Je t’ai attendu quatre étés, tu n’as pas tenu ta
promesse, tu n’es jamais revenu.
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De retour chez moi, je retrouvai Luc qui faisait toujours la
tête. Il me demanda pourquoi j’avais une mine aussi blafarde. Je
lui racontai ma visite au conservatoire et pourquoi j’avais fait
chou blanc.
― Tu vas rater tes examens si tu continues. Tu ne penses
plus qu’à cela, qu’à elle. Tu perds la boule, à poursuivre un
fantôme, mon vieux.
Je l’accusai d’exagérer.
― J’ai fait un peu de ménage pendant que tu allais perdre
ton temps. Tu sais combien de feuilles j’ai trouvées dans la
corbeille à papier? Des dizaines, et ce ne sont ni des résumés de
cours, ni des formules de chimie mais des visages dessinés,
toujours le même. Tu as un joli coup de crayon, tu ferais mieux
d’utiliser tes talents pour faire des croquis d’anatomie. As-tu au
moins pensé à dire à ce gardien que ta Cléa étudiait le
violoncelle?
― Non, je n’y ai pas pensé.
― Et abruti en plus! grommela Luc en se laissant choir
dans le fauteuil.
― Comment as-tu appris que Cléa jouait du violoncelle, je
ne te l’ai jamais dit?
― Dix jours que je suis réveillé par Rostropovitch, que je
dîne avec Rostropovitch et me couche en entendant du
Rostropovitch. On ne se parle plus, le violoncelle a remplacé nos
conversations, et tu me demandes comment j’ai deviné! Et
quand bien même tu retrouverais cette Cléa, qui te dit qu’elle te
reconnaîtrait?
― Si elle ne me reconnaissait pas, je me résignerais.
Luc me regarda un instant et, soudain, tapa du poing sur le
bureau.
― Jure-le-moi! Jure-le sur ma tête, non, mieux encore,
jure-moi sur notre amitié que si vous vous croisiez et qu’elle ne
te reconnaissait pas tu tirerais un trait sur cette fille une fois
pour toutes et que tu redeviendrais immédiatement celui que
j’ai connu.
J’acquiesçai d’un mouvement de tête.
― Je ne travaille pas demain, je passerai à l’hôpital
chercher les antibiotiques et j’irai les porter de ta part au
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gardien du conservatoire, j’en profiterai pour essayer d’en savoir
plus, promit Luc.
Je le remerciai et lui proposai de l’emmener dîner. Nos
moyens étaient restreints, mais au restaurant, aussi modeste
soit-il, nous n’entendrions plus le violoncelle.
Nous avons échoué dans un bistrot de quartier. Nous
sommes rentrés un peu plus qu’éméchés et, alors que Luc
s’asseyait sur un banc parce que la tête lui tournait, il me confia
son embarras. Il avait fait une gaffe, me dit-il, jurant aussitôt
qu’il ne l’avait pas fait exprès.
― Quel genre de gaffe?
― J’ai déjeuné avant-hier à la cafétéria, Sophie s’y trouvait
et je me suis assis à sa table.
― Et?
― Et elle m’a demandé comment tu allais.
― Qu’as-tu répondu?
― Que tu allais aussi mal que possible. Et, comme elle
s’inquiétait, j’ai voulu la rassurer. Je crois avoir laissé échapper
un mot ou deux sur tes préoccupations.
― Tu ne lui as tout de même pas parlé de Cléa?
― Je n’ai pas donné son nom, mais je me suis très vite
rendu compte que j’en avais trop dit. J’ai pu laisser entendre
que tu t’étais mis en tête de retrouver ton âme sœur. J’ai tout de
suite ajouté, en rigolant, que tu avais douze ans quand tu l’avais
rencontrée.
― Comment Sophie a-t-elle réagi?
― Comme Sophie réagit à tout, tu es censé la connaître
mieux que moi. Elle a dit qu’elle espérait que tu serais heureux,
que tu le méritais, que tu étais un type formidable. Je suis
désolé, je n’aurais pas dû. Mais ne va pas t’imaginer que j’ai fait
cette bourde avec une idée derrière la tête. Je n’ai pas cette
intelligence-là. J’étais juste en colère contre toi et j’ai baissé ma
garde.
― Pourquoi étais-tu en colère contre moi?
― Parce que Sophie était sincère en me disant cela.
J’ai pris Luc sous mon épaule pour l’aider à remonter
l’escalier. Je l’ai couché dans mon lit, il était ivre mort, et je me
suis allongé sur sa couette sous la fenêtre de notre studio.
- 156 -
*
**
Luc tint sa promesse. Le lendemain de notre beuverie, en
dépit d’une gueule de bois persistante, il vint me voir à l’hôpital,
récupéra les antibiotiques à la pharmacie et se rendit au
conservatoire. Le don qu’a Luc pour s’attirer la sympathie de
ceux dont il espère quelque chose reste un mystère pour moi.
Personne ne résiste à sa façon de vous enjôler.
Luc remit ses médicaments au gardien et le fit parler de
son métier, le poussa à lui raconter quelques anecdotes sur sa
vie et obtint en une heure la possibilité de consulter à loisir les
registres du conservatoire. Le gardien l’installa à une table et
Luc procéda à ses recherches avec la rigueur d’un enquêteur
professionnel.
Il s’attaqua aux cahiers d’admission des deux années où
Cléa s’était le plus vraisemblablement inscrite. Il en étudia
chaque page, suivant minutieusement les listes d’élèves à l’aide
d’une règle qu’il faisait glisser sur le papier. Au milieu de
l’après-midi, il s’arrêta sur une ligne où figurait le nom de Cléa
Norman, première année section classique, instrument maître,
le violoncelle.
Le gardien lui permit de consulter son dossier et Luc
promit de venir le ravitailler en médicaments si sa gorge le
faisait toujours souffrir dans quelques jours.
*
**
La soirée commençait et je profitai d’un moment de calme
aux Urgences pour aller me restaurer dans le petit café en face
de l’hôpital, quand Luc apparut. Il s’installa à ma table, prit le
menu et commanda entrée, plat et dessert avant même de me
dire bonsoir.
― C’est toi qui m’invites, dit-il en rendant la carte à la
serveuse.
― En quel honneur? lui demandai-je.
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― Parce que des amis comme moi, tu n’es pas près d’en
trouver d’autres, crois-moi.
― Tu as découvert quelque chose?
― Si je te disais que j’ai deux places pour le match de
samedi, j’imagine que tu t’en moquerais complètement? Ça
tombe bien, parce que samedi, ta Cléa joue au théâtre de la
mairie. Dvorak, concerto pour violoncelle suivi de la symphonie
no 8. J’ai réussi à t’obtenir une place au troisième rang, tu
pourras la voir de près. Ne m’en veux pas de ne pas
t’accompagner, j’ai eu mon compte de violoncelle pour les cent
ans à venir.
*
**
J’ai cherché dans mon placard comment m’habiller pour le
soir. Il m’avait suffi d’en ouvrir la porte pour faire le tour de mes
affaires. Je n’allais quand même pas me rendre à un concert en
pantalon vert et blouse blanche.
*
**
La vendeuse du grand magasin me conseilla une chemise
bleue et une veste sombre pour aller avec mon pantalon de
flanelle.
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Chapitre 11
Le théâtre de la mairie était une petite salle: cent fauteuils
disposés en hémicycle, une scène d’une vingtaine de mètres de
long à peine. La formation qui jouait ce soir-là comptait autant
de musiciens. Le chef d’orchestre salua le public sous les
applaudissements, les musiciens entrèrent en groupe par le côté
droit des coulisses. Mon cœur se mit à battre un peu plus fort, je
le sentais tambouriner jusqu’à mes tempes. Une minute à peine
avait suffi pour que chacun prenne sa place, trop vite pour
discerner la silhouette de celle que je cherchais.
La salle fut plongée dans le noir, le maître leva sa baguette
et les premières notes s’élevèrent. Huit femmes étaient assises
au deuxième rang de la formation, un seul visage attira mon
attention.
Tu étais telle que je t’avais imaginée, plus femme et bien
plus belle encore. Tes cheveux descendaient aux épaules et
semblaient te gêner quand tu maniais l’archet de ton
violoncelle. Impossible de discerner ta partition au milieu du
concert. Puis vint le moment de ton solo, quelques portées
seulement, quelques notes que naïvement j’imaginais destinées
à moi seul. Une heure s’écoula durant laquelle mes yeux ne te
quittèrent jamais. Et quand la salle se leva pour vous applaudir,
je fus celui qui cria bravo le plus fort.
J’ai cru que ton regard avait croisé le mien, je te souriais et
te faisais maladroitement un petit signe de la main. Tu t’inclinas
face au public en même temps que tous tes confrères et le rideau
tomba.
J’allai t’attendre, le cœur fébrile, à la sortie des artistes. Au
bout de cette impasse je guettais le moment où la porte en fer
s’ouvrirait.
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Tu apparus dans une robe noire, un foulard rouge nouait ta
chevelure. Un homme te tenait par la taille, tu lui souriais. Je
n’avais jamais pensé que je pourrais me sentir aussi fragile. Je
t’ai vue en compagnie de cet homme, et le regard que tu lui
portais était celui que j’aurais rêvé voir dans tes yeux alors que
tu me regardais. Il avait l’air si grand à tes côtés, et moi si petit
dans cette allée. Si j’avais pu être cet homme, je t’aurais tout
donné, mais je n’étais que moi, l’ombre de celui que tu avais
aimé alors que nous étions enfants, l’ombre de l’adulte que
j’étais devenu.
En arrivant à ma hauteur tu m’as dévisagé. «Nous nous
connaissons?» m’as-tu demandé. Ta voix était claire, telle que
je l’entendais quand tu ne pouvais pas parler, celle de ton ombre
quand elle m’avait appelé à l’aide, il y avait des années. Je t’ai
répondu que j’étais simplement venu t’écouter. Un peu gênée, tu
m’as demandé si je voulais un autographe. Je bafouillais, tu as
réclamé un stylo à ton ami. Tu as griffonné ton prénom sur une
feuille de papier, je t’ai remerciée et tu es partie à son bras. En
t’éloignant, tu as laissé échapper que tu avais ton premier fan et
cette pensée t’a amusée. Ce rire que j’entendais au bout de
l’allée n’avait plus le timbre du violoncelle.
*
**
Je suis rentré chez moi, Luc m’attendait dans l’entrée de
l’immeuble.
― J’étais à la fenêtre, je t’ai vu arriver et à ta tête, je me
suis dit que ce serait mieux que tu ne montes pas seul l’escalier.
J’imagine que les choses ne se sont pas passées comme tu l’avais
espéré. Je suis désolé, mais tu sais, c’était couru d’avance. Ne
t’en fais pas, mon vieux. Allez viens, ne reste pas là comme ça,
allons marcher, ça te fera du bien. On n’est pas obligés de
parler, mais si tu en as envie, je suis là. Demain, tu verras, la
douleur sera moins forte, et après-demain, tu n’y penseras
même plus, crois-moi, les chagrins d’amour ça fait mal les
premiers jours, avec le temps, tout finit par s’arranger, même
mal. Viens, mon vieux, ne reste pas là à te lamenter. Demain, tu
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seras un médecin formidable. Elle ne sait pas à côté de qui elle
est passée, mais tu verras, tu la trouveras un jour, la femme de
ta vie. Il n’y aura pas que des Élisabeth ou des Cléa, tu mérites
bien mieux que ça.
*
**
J’ai tenu ma promesse à Luc, j’ai tiré un trait sur mon
enfance et je me suis consacré à mes études.
Le soir, il arrivait parfois que nous nous retrouvions, Luc,
Sophie et moi. Nous révisions ensemble, Sophie et moi notre
internat, Luc ses tests de fin de première année.
Nous avons tous les trois réussi nos examens et fêté cela
comme il se devait.
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Chapitre 12
Cet été-là, Sophie et moi n’avions pas de vacances. Luc
était parti passer deux semaines auprès des siens. Il rentra en
Äàòà ïóáëèêîâàíèÿ: 2014-11-19; Ïðî÷èòàíî: 174 | Íàðóøåíèå àâòîðñêîãî ïðàâà ñòðàíèöû | Ìû ïîìîæåì â íàïèñàíèè âàøåé ðàáîòû!