Ñòóäîïåäèÿ.Îðã Ãëàâíàÿ | Ñëó÷àéíàÿ ñòðàíèöà | Êîíòàêòû | Ìû ïîìîæåì â íàïèñàíèè âàøåé ðàáîòû!  
 

Jack London. Love Of Live. Stories 14 ñòðàíèöà



par la main.

― Tu aurais vraiment renoncé à ce week-end si j’avais

refusé de venir? me demanda-t-elle.

― Tu aurais refusé? lui répondis-je.

En entrant dans son studio, elle me confia que Luc était

quand même un type unique en son genre.

- 131 -

Chapitre 9

Luc avait sans nul doute réussi à dénicher la voiture de

location la moins chère de la ville. Un vieux break aux ailes

toutes de couleurs différentes. La calandre manquante, les deux

phares séparés par un radiateur rouillé évoquaient une paire

d’yeux au strabisme prononcé.

― Bon, elle louche un peu, dit Luc alors que Sophie hésitait

à monter dans ce tas de ferraille, mais le moteur ronronne et les

plaquettes de freins sont neuves. Même si l’embrayage craque

un peu, elle nous mènera à bon port, et puis vous verrez, elle est

spacieuse.

Sophie préféra s’installer à l’arrière.

― Je vous laisse devant, dit-elle en refermant sa portière

dans un affreux grincement.

Luc fit tourner la clé de contact et se retourna vers nous,

ravi. Il avait raison, le moteur ronronnait gentiment.

Les amortisseurs étaient d’origine et le moindre virage

nous faisait tanguer dans un balancement digne d’un manège.

Après cinquante kilomètres, Sophie supplia pour que l’on

s’arrête à la première station-service. Elle me délogea sans

ménagement, elle préférait encore tenter sa chance à la place du

mort que d’avoir à supporter le mal de cœur qu’elle ressentait

sur la banquette arrière, glissant d’une fenêtre à l’autre à chaque

coup de volant.

Nous en profitâmes pour faire le plein d’essence et avaler

chacun un sandwich avant de reprendre la route.

Quant au reste du voyage, je ne m’en souviens plus.

Allongé à mon aise et bercé par la route, je sombrai dans un

profond sommeil. Il m’arrivait parfois d’entrouvrir les yeux,

Sophie et Luc étaient en pleine conversation, leurs voix

contribuaient à me bercer encore et je me rendormais.

- 132 -

Cinq heures après notre départ, Luc me secoua, nous

étions arrivés.

Il gara la voiture devant la façade d’un vieil hôtel aussi

décrépi qu’elle. À croire que cette épave avait retrouvé le chemin

de sa maison.

― Je vous l’accorde, ce n’est pas un quatre étoiles, mais je

me suis engagé à payer la note et c’est tout ce que je peux vous

offrir, dit Luc en sortant nos sacs du coffre.

Nous le suivîmes jusqu’à la réception sans commentaire.

La propriétaire de l’établissement balnéaire avait dû en prendre

la gérance l’année de ses vingt ans, elle en avait cinquante de

plus et son allure se confondait parfaitement avec la décoration

du lieu. J’aurais imaginé que, hors saison, nous serions les seuls

clients, mais une quinzaine de personnes âgées se penchèrent à

la balustrade, curieuses de voir la tête des nouveaux visiteurs.

― Ce sont des réguliers, dit la patronne en haussant les

épaules. La maison de retraite du coin a perdu sa licence, j’ai

bien été obligée de récupérer tout ce joli petit monde, on n’allait

pas les laisser à la rue. Vous avez de la chance, un des mes

locataires est mort la semaine dernière, sa chambre est libre, je

vais vous y conduire.

― Là, je dois dire que nous avons vraiment de la chance!

souffla Sophie en empruntant l’escalier.

La patronne demanda à ses pensionnaires de bien vouloir

nous faire un peu de place dans le couloir afin de nous laisser

passer.

Sophie distribua sourire sur sourire à chacun d’eux. Si

l’hôpital venait à nous manquer, balança-t-elle à Luc, au moins

nous ne serions pas trop dépaysés.

― Comment crois-tu que j’ai eu le tuyau? rétorqua-t-il.

Une copine de première année m’a filé l’adresse, pendant les

vacances elle vient donner un coup de main pour se faire un peu

d’argent.

La porte de la chambre 11 s’ouvrit sur une pièce à deux lits.

Sophie et moi nous retournâmes vers Luc.

― Je vous promets de me faire discret, s’excusa-t-il. Les

hôtels sont faits pour dormir, non? Et puis si vous voulez avoir

la paix, j’irai coucher à l’arrière du break, voilà tout.

- 133 -

Sophie posa sa main sur l’épaule de Luc et lui dit que nous

étions venus ici pour voir la mer et que c’était tout ce qui

comptait. Rassuré, Luc nous proposa de choisir le lit que nous

préférions.

― Aucun, marmonnai-je en lui donnant un coup de coude.

Sophie opta pour celui qui se trouvait le plus éloigné de la

fenêtre et le plus proche de la salle d’eau.

Nos sacs posés, elle suggéra de ne pas nous attarder plus

longtemps. Elle avait faim et envie de voir le grand large. Luc ne

se le fit pas répéter deux fois.

La plage se trouvait à six cents mètres à pied, nous

expliqua la patronne en nous griffonnant un plan sur une feuille

de papier. En chemin, nous trouverions une brasserie qui

servait toute la journée.

― C’est moi qui vous invite, proposa Sophie, déjà enivrée

par les embruns qui venaient jusqu’à nous.

C’est alors que nous nous engagions dans la rue du marché

que je ressentis une impression de déjà-vu, j’aurais juré être

venu ici auparavant. Je haussai les épaules, toutes les petites

stations balnéaires se ressemblent, mon imagination devait

encore me jouer des tours.

Luc et Sophie étaient affamés, le menu du jour ne les avait

pas rassasiés et Sophie commanda une tournée de crèmes

caramel.

Lorsque nous sortîmes de la brasserie, la nuit était tombée.

La mer n’était pas bien loin, même si nous ne pourrions pas voir

grand-chose dans l’obscurité, nous décidâmes d’aller faire un

tour sur la plage.

La digue était à peine éclairée, trois vieux réverbères

scintillaient à bonne distance les uns des autres, puis le reste de

la jetée plongeait dans le noir.

― Vous sentez ça? s’exclama Luc en écartant les bras.

Vous sentez ce parfum d’iode? Je viens enfin de me débarrasser

de la puanteur du désinfectant de l’hôpital qui ne m’a pas quitté

depuis que je travaille comme brancardier. Je suis allé jusqu’à

me frotter l’intérieur des narines avec une brosse à dents pour

m’en débarrasser, rien n’y fait, mais là, quelle merveille! Et ce

bruit, vous entendez le bruit des vagues?

- 134 -

Luc n’attendit pas notre réponse, il ôta chaussures et

chaussettes et se mit à courir sur le sable, fonçant vers la ligne

d’écume. Sophie le regarda s’éloigner, elle me fit un petit clin

d’œil, se déchaussa et fila rejoindre Luc qui pourchassait la

marée descendante en criant à tue-tête. J’avançai à mon tour, la

lune était presque pleine et je vis s’étirer mon ombre devant

moi. Au détour d’une flaque, j’aurais juré voir, dans les reflets

d’eau salée, la silhouette d’une petite fille qui me regardait.

Je retrouvai Luc et Sophie, aussi essoufflés l’un que l’autre.

Nous avions les pieds glacés, Sophie commençait à grelotter. Je

la pris dans mes bras pour lui frotter le dos, il était temps de

rentrer. Nous retraversâmes la station, nos chaussures à la

main. Tous les occupants de l’hôtel dormaient déjà, nous

grimpâmes l’escalier à pas de loup.

Une fois douchée, Sophie se glissa dans les draps et

s’endormit aussitôt. Luc la regarda dans son sommeil, il me fit

un petit signe et éteignit la lumière.

*

**

Au matin, l’idée de prendre notre petit déjeuner dans la

salle à manger ne nous enchantait guère. L’ambiance n’y était

pas d’une gaieté folle et les bruits de mastication étaient peu

ragoûtants.

― C’est inclus dans le prix, insista Luc.

Mais, devant la mine déconfite de Sophie qui rechignait à

tartiner ses biscottes, Luc repoussa sa chaise, nous ordonna de

l’attendre et disparut dans la cuisine. Quinze longues minutes

plus tard, les pensionnaires attablés relevèrent la tête de leurs

assiettes, le nez alerté par une odeur inhabituelle. Plus un bruit

ne se fit entendre, tous les petits vieux avaient reposé leurs

couverts et chacun fixait la porte de la salle à manger, l’œil vif.

Luc arriva enfin, la tête enfarinée, portant un panier rempli

de galettes. Il fit le tour des tables, en offrit deux à chacun, puis

il nous rejoignit, en posa trois dans l’assiette de Sophie, et

s’installa.

- 135 -

― Je me suis débrouillé avec ce que j’ai trouvé, dit-il en

s’asseyant. Il faudra que nous pensions à aller acheter trois

paquets de farine, et autant de beurre et de sucre, je crois que

j’ai dévalisé les réserves de notre taulière.

Ses galettes étaient savoureuses, tièdes et fondantes.

― Ça me manque, tu sais, dit Luc en faisant un tour

d’horizon. J’aimais ça, voir les premiers clients du matin arriver

de bon appétit à la boulangerie. Regarde autour de nous comme

ils semblent heureux, ce n’est pas de la médecine à proprement

parler, mais ça a l’air de leur avoir fait du bien.

Je relevai la tête, les pensionnaires se régalaient. Au silence

du matin, lorsque nous étions entrés, avaient succédé des

conversations animées.

― Tu as des mains en or, dit Sophie la bouche pleine, après

tout c’est peut-être une forme de médecine.

― Celui-là, dit Luc en désignant un vieillard qui se tenait

droit comme un piquet, ça pourrait être Marquès dans quelques

années.

Chacun de nos voisins avait au moins trois fois nos âges.

Au milieu de ces visages badins – on entendait même par-ci

par-là fuser quelques éclats de rire – j’eus l’étrange impression

d’être de retour dans la cantine d’une école où mes copains de

classe auraient pris un léger coup de vieux.

― On va voir à quoi ressemble la mer au grand jour?

proposa Sophie.

Le temps de remonter dans notre chambre, d’enfiler un

pull et un manteau, nous quittions la pension.

En arrivant sur la plage, je compris enfin ce que j’avais

ressenti la veille. Cette petite station balnéaire ne m’était pas

inconnue. Au bout de la jetée, la lanterne d’un phare émergea de

la brume du matin, un petit phare abandonné, fidèle au

souvenir que j’en avais gardé.

― Tu viens? me demanda Luc.

― Pardon?

― Il y a un troquet ouvert au bout de la plage. Sophie et

moi rêvons d’un vrai café; celui de l’hôtel, c’était de la lavasse.

― Allez-y, je vous rejoindrai, j’ai besoin d’aller vérifier

quelque chose.

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― Tu as besoin d’aller vérifier quelque chose sur la plage?

Si tu es inquiet que la mer soit partie, je te promets qu’elle

reviendra ce soir.

― Tu peux me rendre ce petit service sans me prendre pour

un imbécile?

― Et de mauvais poil en plus! Votre serviteur

accompagnera donc Madame, pendant que Monsieur ira

compter les coquillages. Dois-je transmettre un message?

N’écoutant plus les âneries de Luc, je rejoignis Sophie,

m’excusai de lui fausser compagnie et promis de les retrouver

très vite.

― Où vas-tu?

― Un souvenir qui m’est revenu, je vous rejoins dans un

quart d’heure tout au plus.

― Quel genre de souvenir?

― Je crois être déjà venu ici, avec ma mère, pour quelques

jours qui ont beaucoup compté dans ma vie.

― Et tu t’en rends compte seulement maintenant?

― C’était il y a quatorze ans et je ne suis jamais revenu

depuis.

Sophie tourna les talons. Tandis qu’elle s’éloignait au bras

de Luc, j’avançai vers la digue.

Le panneau rouillé pendait toujours au bout de sa chaîne.

D’Accès interdit, on ne pouvait plus lire que les c et les i. Je l’ai

enjambé, j’ai poussé la porte en fer dont la serrure rongée par le

sel avait disparu depuis longtemps et j’ai monté l’escalier

jusqu’au balcon de veille. Les marches semblaient a voir

rapetissé, je les croyais plus hautes. J’ai grimpé à l’échelle

menant à la coupole, les vitres étaient intactes mais noires de

crasse. Je les ai essuyées avec mes poings et j’ai posé mes yeux

sur les deux cercles que j’avais fait apparaître, deux cercles

comme des jumelles pointées vers mon passé.

Mon pied buta sur quelque chose. Au sol, sous un manteau

de poussière, je découvris une caisse en bois. Je me suis

agenouillé et l’ai ouverte.

À l’intérieur gisait un très vieux cerf-volant. L’armature

était intacte mais la voilure de l’aigle en très mauvais état. J’ai

- 137 -

pris l’oiseau dans mes bras et lui ai caressé les ailes avec mille

précautions, il semblait si fragile. Puis j’ai regardé au fond de la

caisse, et j’en ai eu le souffle coupé. Un long filet de sable

formait encore la trace d’un demi-cœur. À côté, se trouvait une

feuille de papier roulée en cône. Je l’ai dépliée et j’ai lu:

Je t’ai attendu quatre étés, tu n’as pas tenu ta promesse,

tu n’es jamais revenu. Le cerf-volant est mort, je l’ai enterré ici,

qui sait si un jour tu le trouveras.

Le mot était signé Cléa.

Quarante mètres. Le dévidoir avait été enroulé avec une

parfaite minutie. Je redescendis vers la plage, étendis mon aigle

sur le sable et en assemblai les bâtonnets de bois. Je vérifiai le

nœud qui retenait l’ensemble, déroulai cinq mètres de ligne et

me mis à courir contre le vent.

Les ailes de l’aigle se gonflèrent, il partit sur la gauche, vira

à droite et se dressa dans le ciel. J’essayais de lui faire faire des

«S» et des «8» parfaits mais sa voilure trouée répondait mal à

mes commandes. Je lâchai un peu de mou et il s’éleva d’autant.

Son ombre zigzaguait sur le sable et, dans sa danse, elle

m’enivrait. J’ai entendu ce rire incontrôlable me gagner, un rire

qui remontait du plus profond de mon enfance, un rire sans

pareil, au timbre de violoncelle.

Qu’était devenue ma confidente d’un été, la petite fille à

qui j’avais avoué sans peur tous mes secrets, puisqu’elle ne

pouvait pas les entendre?

J’ai fermé les yeux, nous courions à perdre haleine,

entraînés par notre aigle qui nous ouvrait la marche. Tu le

faisais voler mieux que personne et, souvent, des promeneurs

s’arrêtaient pour admirer ta dextérité. Combien de fois t’ai-je

prise par la main à cet endroit même? Qu’es-tu devenue? Où

vis-tu désormais? Sur quelle plage vas-tu passer tes étés?

― À quoi tu joues?

Je n’avais pas entendu arriver Luc.

― Il joue au cerf-volant, répondit Sophie. Je peux essayer?

demanda-t-elle en approchant sa main de la poignée.

- 138 -

Elle me la confisqua sans me laisser le temps de réagir. Le

cerf-volant fit une pirouette et piqua vers la plage. En heurtant

le sable, il se brisa.

― Ah! désolée, s’excusa Sophie, je ne suis pas très douée.

Je me précipitai vers l’endroit où mon cerf-volant était

tombé. Ses deux suspentes étaient cassées, les ailes brisées,

repliées sur le torse. Il avait piètre allure. Je m’agenouillai et le

pris entre mes mains.

― Ne fais pas cette tête-là, on dirait que tu vas te mettre à

pleurer, me dit Sophie. Ce n’est qu’un vieux cerf-volant, si tu

veux on peut aller t’en acheter un tout neuf.

Je n’ai rien répondu. Peut-être parce que lui raconter

l’histoire de Cléa aurait été la trahir. C’est sacré, un amour

d’enfance, rien ne peut vous l’enlever. Ça reste là, ancré au fond

de vous. Qu’un souvenir le libère et il remonte à la surface,

même avec les ailes brisées. J’ai replié la voilure et rembobiné le

fil. Puis j’ai demandé à Luc et à Sophie de m’attendre et je suis

allé le replacer dans son phare. Une fois dans la tourelle, je l’ai

déposé dans sa caisse et je lui ai demandé pardon; je sais, c’est

idiot de parler à un vieux cerf-volant, mais c’est comme ça. J’ai

refermé le couvercle de la boîte et je me suis bêtement mis à

pleurer, sans pouvoir m’en empêcher.

J’ai rejoint Sophie, incapable de lui parler.

― Tu as les yeux tout rouges, a-t-elle murmuré en me

prenant dans ses bras. C’était un accident, je ne voulais pas

l’abîmer...

― Je sais, répliquai-je. C’est un souvenir, il dormait là-haut

paisiblement, je n’aurais pas dû le réveiller.

― J’ignore de quoi tu me parles, mais cela semble te causer

tellement de peine. Si tu voulais te confier, nous pourrions aller

marcher un peu plus loin, ce serait bien de passer un moment

ensemble, rien que toi et moi. Depuis que nous sommes sur

cette plage, j’ai l’impression de t’avoir perdu, tu es ailleurs.

J’ai embrassé Sophie et me suis excusé. Nous avons

marché le long de la mer, seuls, côte à côte, jusqu’à ce que Luc

nous rejoigne.

Nous l’avons vu arriver de loin, il criait de toutes ses forces

pour que nous l’attendions.

- 139 -

Luc est mon meilleur ami; ce matin-là, j’en ai eu la preuve,

une fois de plus.

― Tu te souviens de la fois où tu t’étais cassé la figure à

vélo? me dit-il en s’approchant, mains dans le dos. Bon, je vais

te rafraîchir la mémoire, ingrat que tu es. Ta mère t’avait acheté

une bicyclette jaune. J’avais pris mon vieux vélo et nous nous

étions attaqués à la côte derrière le cimetière. Quand nous

sommes passés devant les grilles, je n’ai jamais su si tu voulais

vérifier qu’un fantôme ne nous suivait pas mais tu as tourné la

tête et tu t’es payé un nid-de-poule. Tu as fait un magnifique

soleil et tu t’es étalé de tout ton long.

― Où veux-tu en venir?

― Tais-toi et tu verras. Ta roue avant était voilée et ça te

mettait dans un état encore pire que celui de tes genoux

sanguinolents. Tu n’arrêtais pas de répéter que ta mère allait te

tuer. Ton vélo n’avait pas trois jours et si tu le rapportais comme

ça chez toi, elle ne te le pardonnerait pas. Elle avait dû faire des

heures supplémentaires pour te le payer, c’était une

catastrophe.

Le souvenir de cet après-midi me revint en mémoire. Luc

avait sorti une clé de la petite trousse à outils accrochée à sa

selle et avait échangé nos roues. Celle de son vélo s’ajustait à ma

bicyclette. Quand il avait eu fini de la remonter, il me dit que ma

mère n’y verrait que du feu. Luc avait fait réparer ma roue par

son père et le surlendemain nous avions procédé à l’échange.

Ma mère n’y avait vu que du feu.

― Enfin, ça te revient! Bon, mais je te préviens, c’est la

dernière fois, faut que tu te décides à grandir quand même.

Luc fit apparaître ce qu’il tenait caché derrière son dos

depuis un moment, il me tendit un cerf-volant tout neuf.

― C’est tout ce que j’ai trouvé au bazar de la plage, et tu as

de la chance, le type m’a dit que c’était son dernier, ils ont arrêté

d’en vendre depuis longtemps. C’est une chouette, pas un aigle,

mais ne fais pas ton difficile, c’est aussi un genre d’oiseau et en

plus, ça vole de nuit. Tu es content maintenant?

Sophie l’a assemblé sur le sable, elle m’a tendu la ficelle et

m’a fait signe de le faire décoller. Je me sentais un peu ridicule,

mais quand Luc a croisé les bras en tapant du pied, j’ai compris

- 140 -

que j’étais mis à l’épreuve, alors je me suis élancé et le cerf-

volant s’est élevé dans le ciel.

Celui-là volait parfaitement. Le maniement du cerf-volant,

c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas, même si on n’a pas

pratiqué depuis des années.





Äàòà ïóáëèêîâàíèÿ: 2014-11-19; Ïðî÷èòàíî: 173 | Íàðóøåíèå àâòîðñêîãî ïðàâà ñòðàíèöû | Ìû ïîìîæåì â íàïèñàíèè âàøåé ðàáîòû!



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