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Jack London. Love Of Live. Stories 6 ñòðàíèöà



alors m’a sidéré.

La lettre de sa mère n’avait jamais existé. Sur les pages de

cet album qui avait brûlé dans la remise, n’apparaissaient que

celles qu’il lui avait écrites, durant toute sa vie. La maman

d’Yves était morte en le mettant au monde, bien avant qu’il

n’apprenne à lire.

Les larmes me sont montées aux yeux. Pas à cause de la

disparition précoce de sa mère, mais à cause de son mensonge.

Imaginez ce qu’il lui avait fallu de malheur à cacher pour

s’inventer une correspondance avec une maman qu’il n’avait

jamais connue. Son existence était comme un puits sans fond,

un puits de tristesse impossible à combler, qu’Yves avait été

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juste capable de recouvrir d’un couvercle en forme de lettre

imaginaire.

C’est son ombre qui m’avait soufflé tout ça au creux de

l’oreille.

J’ai prétendu avoir un devoir en retard, je me suis excusé

en jurant de revenir dès la prochaine récré et je suis parti en

courant. En arrivant sous le préau, je me suis senti lâche. J’ai eu

honte pendant tout le cours de Mme Schaeffer mais je n’ai pas

trouvé la force de retourner auprès de mon copain le gardien,

comme je le lui avais promis.

*

**

À la maison, maman m’annonça qu’un documentaire sur la

déforestation de la forêt amazonienne passait le soir même à la

télévision. Elle avait préparé un plateau-repas que nous

partagerions sur le canapé du salon. Elle m’installa devant le

poste, m’apporta un crayon et un cahier, et s’assit à côté de moi.

Le nombre d’animaux condamnés à l’exode et à l’extinction,

parce que les hommes aiment l’argent au point d’en perdre la

raison, c’est terrifiant!

Pendant que nous assistions, impuissants, à la

condamnation à mort des paresseux du Brésil, animal dont je

me sentais complice et proche, maman découpait le poulet. À la

moitié de l’émission, je jetai un coup d’œil à la carcasse de la

volaille et fis le vœu de devenir végétarien dès que ce serait

possible.

Le présentateur nous expliquait le principe de

l’évapotranspiration, un truc assez simple. Sous les arbres, la

terre transpire, un peu comme nous sous les poils. La sueur de

la planète s’évapore et remonte pour former des nuages. Quand

ils sont assez gros, il pleut, ce qui fournit l’eau nécessaire à ce

que les arbres se reproduisent et soient en forme. Faut

reconnaître que le système est assez bien pensé dans l’ensemble.

Évidemment, si on continue de tondre la terre comme un œuf, il

n’y aura plus de sueur et donc plus de nuages. Imaginez les

conséquences d’un monde sans nuages, surtout pour moi! La

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vie vous joue parfois de drôles de tours. J’avais inventé cet

exposé sur le réchauffement climatique pour avoir un alibi, sans

supposer combien ce sujet allait me toucher de près.

Maman s’était endormie, j’ai augmenté un peu le son de la

télé pour tester son sommeil, il était profond. Encore une de ses

journées épuisantes. Ça me démoralisait de la voir dans cet état.

Raison de plus pour ne pas la réveiller. J’ai baissé le volume et

je suis monté en douce dans le grenier. La lune viendrait bientôt

se mettre dans l’axe de la lucarne.

Selon la procédure en vigueur depuis ma dernière

expérience, je me tenais bien droit, dos à la vitre, poings serrés.

Mon cœur battait à cent dix pulsations minute, conséquence

directe de la trouille que j’avais.

À 22 heures pile, l’ombre m’est apparue, d’abord toute fine,

à peine plus épaisse qu’un trait de crayon sur le plancher du

grenier, puis elle a pris de l’ampleur. J’étais pétrifié, j’aurais

voulu faire quelque chose, mais je n’arrivais même pas à bouger

les doigts. Mon ombre aurait dû être tout aussi immobile, mais

elle a levé les bras, alors que les miens étaient plaqués le long de

mon corps. La tête de l’ombre s’est inclinée, à droite, à gauche,

elle s’est mise de profil et, aussi surprenant que cela puisse

paraître, elle m’a tiré la langue.

Si! On peut avoir peur et rire en même temps, ce n’est pas

incompatible. L’ombre s’est étirée devant mes pieds et est allée

se déformer sur les cartons. Elle se faufilait entre les malles, et

sa main s’est posée sur une boîte, exactement comme si elle

s’appuyait dessus.

― Tu es à qui? balbutiai-je.

― À qui veux-tu que j’appartienne? Je suis à toi, je suis ton

ombre.

― Prouve-le!

― Ouvre cette boîte, tu verras par toi-même. J’ai un petit

cadeau pour toi.

J’ai fait trois pas en avant, l’ombre s’est écartée.

― Pas celle du dessus, tu l’as déjà ouverte, prends plutôt

celle qui se trouve en dessous.

J’ai obéi. J’ai posé par terre la première boîte et ouvert le

couvercle de la seconde. Elle était remplie de photographies, je

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ne les avais jamais vues avant, des photos de moi le jour de ma

naissance. Je ressemblais à un gros cornichon flétri, en moins

vert et avec des yeux. Je n’étais pas à mon avantage et je ne

trouvais pas ce cadeau particulièrement intéressant.

― Regarde la photo suivante! insista l’ombre.

Mon père me tenait tout contre lui, ses yeux étaient posés

sur moi et il souriait comme je ne l’avais jamais vu sourire. Je

me suis approché de la lucarne pour regarder son visage de plus

près. Il y avait autant de lumière dans son regard que le jour de

son mariage.

― Tu vois, murmura l’ombre, il t’a aimé dès les premiers

instants de ta vie. Il n’a peut-être jamais trouvé les mots pour te

le dire, mais cette photo vaut toutes les belles phrases que tu

aurais voulu entendre.

J’ai continué à regarder la photo, ça me faisait un bien fou

de me voir dans les bras de mon père. Je l’ai rangée dans la

poche de ma veste de pyjama, pour la garder sur moi.

― Maintenant, assieds-toi, il faut que l’on parle, a dit

l’ombre.

Je me suis assis en tailleur sur le sol. L’ombre s’est mise

dans la même position, face à moi, j’avais l’impression qu’elle

me tournait le dos, mais ce n’était que l’effet d’un rayon de lune.

― Tu as un pouvoir très rare, il faut que tu acceptes de t’en

servir, même s’il te fait peur.

― Pour faire quoi?

― Tu es heureux d’avoir vu cette photo, non?

Je ne sais pas si «heureux» était le bon mot, mais cette

photo de papa me tenant dans ses bras me rassurait beaucoup.

J’ai haussé les épaules. Je me suis dit que s’il ne m’avait pas

donné de nouvelles depuis son départ, c’est qu’il ne devait pas

pouvoir faire autrement. Autant d’amour ne pouvait disparaître

en quelques mois. Il en avait forcément encore en lui.

― C’est exactement cela, poursuivit l’ombre comme si elle

avait lu dans mes pensées. Trouve pour chacun de ceux dont tu

dérobes l’ombre cette petite lumière qui éclairera leur vie, un

morceau de leur mémoire cachée, c’est tout ce que nous te

demandons.

― Nous?

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― Nous, les ombres, souffla celle à qui je m’adressais.

― Tu es vraiment la mienne? demandai-je.

― La tienne, celle d’Yves, de Luc ou de Marquès, peu

importe, disons que je suis la déléguée de la classe.

J’ai souri, je comprenais très bien de quoi elle parlait.

Une main s’est posée sur mon épaule, j’ai poussé un

hurlement. Je me suis retourné et j’ai vu le visage de maman.

― Tu parles avec ton ombre, mon chéri?

Pendant un court instant, j’ai espéré qu’elle ait tout

compris, qu’elle ait été témoin de ce qui m’arrivait, mais elle me

regardait d’un air attendri et désolé. J’en conclus qu’elle n’avait

aucun pouvoir. Elle n’avait entendu que ma voix dans ce

grenier; cette fois, j’étais bon pour les séances chez la

psychologue.

Maman me prit dans ses bras et me serra très fort contre

elle.

― Tu te sens si seul? me demanda-t-elle.

― Non, je te jure que non, répondis-je pour la rassurer,

c’est juste un jeu.

Maman avança à genoux vers la lucarne, approchant son

visage de la vitre.

― C’est beau la vue, d’ici. Je n’étais pas remontée dans ce

grenier depuis si longtemps. Viens, assieds-toi près de moi, et

raconte-moi ce que ton ombre et toi vous disiez.

En me retournant, j’ai vu l’ombre de maman, seule à côté

de la mienne. Alors, à mon tour, j’ai pris ma mère dans mes bras

et je lui ai donné tout l’amour que je pouvais.

«Il n’est pas parti à cause de toi, mon chéri. Il est tombé

amoureux d’une autre femme... et moi je suis tombée de haut.»

Aucun enfant au monde n’a envie d’entendre sa mère lui

faire ce genre d’aveu. Cette phrase, maman ne l’a pas

prononcée, c’est son ombre qui me l’a soufflée, dans le grenier.

Je pense que l’ombre de maman m’a fait cette confidence pour

me déculpabiliser à propos du départ de papa.

J’avais compris le message et ce que les ombres

attendaient de moi, maintenant ce n’était plus qu’une question

d’imagination et maman ne cessait de me répéter que de ce

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côté-là, je ne manquais de rien. Je me suis penché vers ma mère

et je lui ai demandé de me rendre un petit service.

― Tu m’écrirais une lettre?

― Une lettre? Quel genre de lettre? a répondu maman.

― Imagine que pendant que j’étais dans ton ventre tu aies

voulu me dire que tu m’aimais, comment tu aurais fait

puisqu’on ne pouvait pas encore se parler?

― Mais je n’ai pas cessé de te dire que je t’aimais pendant

que je t’attendais.

― Oui, mais moi, je ne pouvais pas t’entendre.

― On dit que les bébés entendent tout dans le ventre de

leur mère.

― Je ne sais pas qui t’a raconté ça, en tout cas, je ne me

souviens de rien.

Maman me regarda bizarrement.

― Où veux-tu en venir?

― Disons que pour me dire tout ce que tu ressentais, et que

je puisse m’en souvenir, tu aurais pu avoir l’idée de m’écrire. Tu

m’aurais rédigé une lettre à lire bien après ma naissance, par

exemple, une lettre où tu me souhaiterais plein de choses, où tu

me donnerais deux, trois conseils pour être heureux quand je

serai grand.

― Et tu voudrais que je te l’écrive maintenant, cette lettre?

― Oui, c’est exactement ça, mais en te remettant dans la

peau de la maman qui était enceinte de moi. Tu connaissais déjà

mon prénom quand j’étais dans ton ventre?

― Non, nous ne savions pas si tu étais une fille ou un

garçon. Nous l’avons choisi le jour où tu es venu au monde.

― Alors écris la lettre sans mettre de prénom, ce sera

encore plus authentique.

― Où est-ce que tu vas chercher des idées pareilles? me

demanda maman en m’embrassant.

― Dans mon imagination! Alors, tu veux bien le faire?

― Oui, je vais te l’écrire, cette lettre, je m’y mettrai dès ce

soir. Maintenant, il est grand temps que tu ailles te coucher.

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Je filai au lit, avec l’espoir que mon plan fonctionnerait

jusqu’au bout. Si ma mère tenait sa promesse, la première partie

était déjà gagnée.

Au petit matin, lorsque j’ai ouvert les yeux, j’ai trouvé une

lettre de ma mère sur ma table de nuit et la photo de mon père

posée contre le pied de la lampe de chevet. Pour la première fois

depuis six mois, nous étions tous les trois réunis dans ma

chambre.

La lettre de ma mère était la plus belle lettre du monde.

Elle m’appartenait et serait à moi pour toujours. Mais j’avais

une mission importante à accomplir, et pour ça, je devais la

partager. Maman aurait sûrement compris si je l’avais mise

dans le secret.

J’ai rangé la lettre dans mon cartable et, sur le chemin de

l’école, je me suis arrêté chez le libraire. J’ai dépensé mes

économies de la semaine pour acheter une feuille d’un très beau

papier. J’ai donné la lettre de ma mère au libraire et nous avons

fait une photocopie sur sa toute nouvelle machine. L’original et

son double se confondaient. Un faux presque parfait, comme si

j’avais la lettre de ma mère et son ombre. J’ai tout de même

gardé l’original pour moi.

À la récré de midi, je suis allé traîner du côté des grandes

poubelles. J’ai fini par trouver ce dont j’avais besoin, un petit

morceau de bois brûlé de la remise qui avait échappé à la

décharge. Il y avait encore assez de suie dessus pour mettre la

deuxième partie de mon plan à exécution.

Je l’ai enveloppé dans une serviette de table que j’avais

chapardée à la cantine et je l’ai caché dans mon cartable.

Pendant le cours d’histoire de Mme Henry, alors que

Cléopâtre en faisait baver des vertes et des pas mûres à Jules

César, j’ai sorti discrètement mon bout de bois noirci et le

double de la lettre. Je les ai posés sur mon bureau et j’ai

commencé à salir le papier en étalant un peu de suie. Une

traînée par-ci, une tache par-là. Mme Henry avait dû repérer

mon petit manège, elle s’est arrêtée de parler, laissant Cléopâtre

au milieu d’un discours, et s’est avancée vers moi. J’ai roulé ma

feuille en boule et j’ai vite attrapé un crayon dans ma trousse.

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― Je peux savoir ce que tu as sur les mains? me demanda-

t-elle.

― Mon stylo, madame, lui répondis-je sans hésitation.

― Il doit fuir d’une drôle de façon ton stylo bleu, pour que

tu sois tout taché de noir. Dès que tu auras récupéré de quoi

écrire normalement, tu me copieras cent fois «Le cours

d’histoire n’est pas fait pour dessiner». Maintenant, va te laver

les mains et la figure, et reviens immédiatement.

Les copains de classe riaient aux éclats pendant que je me

dirigeais vers la porte. Ah, elle est belle la camaraderie!

En arrivant devant la glace des toilettes, j’ai compris tout

de suite comment je m’étais fait prendre. Je n’aurais jamais dû

passer ma main sur mon front, je ressemblais à un charbonnier.

De retour à mon pupitre, j’ai récupéré ma feuille de papier

en piteux état, redoutant que tout mon travail soit anéanti. Bien

au contraire, froissée comme ça, ma lettre avait exactement

l’apparence que je voulais lui donner. La sonnerie de la fin des

cours allait retentir, je pourrais bientôt mettre la troisième et

dernière partie de mon projet à exécution.

*

**

J’avais bon espoir que mon plan ait fonctionné. Le

lendemain, la lettre n’était plus à l’endroit où je l’avais

volontairement mal cachée, sous un morceau de bois des restes

de l’ancienne remise.

Mais j’allais devoir patienter une semaine pour en avoir la

confirmation.

*

**

Le mardi d’après, j’étais en pleine conversation avec Luc,

sur mon banc favori, quand Yves s’est approché de nous et a

demandé à mon copain s’il pouvait nous laisser seuls. Yves a

pris sa place, il a gardé le silence quelques instants.

- 58 -

― J’ai donné mon congé à Mme la directrice, je m’en vais à

la fin de la semaine. Je voulais te l’annoncer moi-même.

― Alors vous aussi vous allez partir, pourquoi?

― C’est une longue histoire. À mon âge, il est temps que je

quitte l’école, non? Disons que, pendant toutes ces années ici, je

vivais dans le passé, prisonnier de mon enfance. Je me sens

libre désormais. J’ai du temps à rattraper, il faut que je me

construise une vraie vie, que je sois enfin heureux.

― Je comprends, ai-je marmonné, vous allez me manquer,

j’aimais bien vous avoir pour copain.

― Toi aussi tu me manqueras, nous nous reverrons peut-

être un jour.

― Peut-être. Vous allez faire quoi?

― Tenter ma chance ailleurs, j’ai un vieux rêve à réaliser, et

une promesse à tenir. Si je te dis ce que c’est, tu sauras te taire?

Juré?

J’ai craché par terre.

Yves m’a murmuré son secret à l’oreille, mais comme c’est

un secret, motus et bouche cousue. Je suis quelqu’un de parole.

On s’est serré la main, on avait décidé que c’était mieux de

se dire au revoir tout de suite. Vendredi, ce serait trop triste.

Comme ça, on avait quelques jours pour s’habituer à l’idée de ne

plus se voir.

En rentrant, je suis monté dans le grenier et j’ai relu la

lettre de maman. C’est peut-être cette phrase où elle m’écrit que

son plus grand souhait serait que je sois épanoui plus tard;

qu’elle espère que je trouverai un métier qui me rendra heureux

et que quels que soient les choix que je ferai dans ma vie, tant

que j’aimerai et que je serai aimé, j’aurai réalisé tous les espoirs

qu’elle fonde en moi.

Oui, ce sont peut-être ces lignes-là qui ont libéré Yves des

chaînes qui le retenaient à son enfance.

Pendant un temps, j’ai regretté d’avoir partagé la lettre de

ma mère avec lui. Ça m’a coûté un copain.

Mme la directrice et les professeurs ont organisé une petite

fête d’adieu. La cérémonie s’est tenue à la cantine. Yves était

beaucoup plus populaire qu’il ne l’imaginait, tous les parents

- 59 -

d’élèves sont venus et je crois que ça l’a beaucoup ému. J’ai

demandé à maman qu’on s’en aille. Le départ d’Yves, je n’avais

envie de le vivre avec personne.

C’était un soir sans lune, inutile de traîner au grenier. Mais

dans les plis des rideaux de ma chambre, alors que je

m’endormais, j’ai entendu la voix de l’ombre d’Yves me dire

merci.

*

**

Depuis qu’Yves est parti, je ne vais plus me promener

autour de l’ancienne remise. Je me suis rendu compte que les

lieux aussi avaient des ombres. Les souvenirs rôdent et vous

rendent nostalgique dès que vous vous en approchez trop près.

C’est pas facile de perdre un copain. Pourtant, après avoir

changé d’école j’aurais dû être habitué, mais non, rien n’y fait,

c’est chaque fois la même chose, une part de soi reste avec celui

qui s’en est allé, c’est comme un chagrin d’amour mais en

amitié. Faut pas s’attacher aux autres, c’est trop risqué.

Luc sentait que j’avais le cafard. Chaque soir, en rentrant

de l’école, il m’invitait à passer chez lui. Nous faisions nos

devoirs ensemble avec un éclair au café en prime entre les

exercices de maths et les répétitions du cours d’histoire.

Le trimestre a fini par passer, j’ai fait extrêmement

attention où je mettais les pieds, j’avais besoin de reprendre des

forces avant d’utiliser à nouveau mon pouvoir. Je voulais

apprendre à bien savoir m’en servir.

Juin tirait à sa fin, les vacances approchaient et j’avais

réussi à garder mon ombre tout ce temps-là.

Maman n’a pas assisté à la remise des prix, elle était de

garde et aucune de ses collègues n’a pu la remplacer. Ça l’a

rendue très malheureuse, je lui ai dit que ce n’était pas grave. Il

y aurait une autre cérémonie l’année prochaine et on

s’arrangerait pour que cette fois-là elle puisse se libérer.

- 60 -

Alors que je montais sur l’estrade, je jetai des coups d’œil

vers la tribune où les parents d’élèves avaient pris place en

espérant y voir mon père, peut-être qu’il s’était faufilé au milieu

des autres pères pour me faire une surprise. Lui aussi devait

être de garde, mes parents n’ont pas de chance, je ne peux pas

leur en vouloir, ce n’est pas leur faute.

Le bonheur de la remise des prix de fin d’année, c’est

justement la fin de l’année. Deux mois sans voir Marquès et

Élisabeth roucouler comme deux crétins sous le marronnier de





Äàòà ïóáëèêîâàíèÿ: 2014-11-19; Ïðî÷èòàíî: 183 | Íàðóøåíèå àâòîðñêîãî ïðàâà ñòðàíèöû | Ìû ïîìîæåì â íàïèñàíèè âàøåé ðàáîòû!



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