D’après P.Weil

«Relations humaines entre les enfants, leurs parents et leurs maîtres»

Aucune machine, aucun équipement technique ne peut remplacer l’être humain qui a fonction d’éducateur. Par ses connaissances, ses qualités morales, sa conception de la vie, l’enseignant façonne la mentalité de l’enfant. L’enseignant est et sera toujours le personnage essentiel de ce qui concerne l’éducation et l’enseignement.

Ce qu’on demande aujourd’hui au maître c’est de ne pas penser et de ne pas parler pour les élèves, mais de les faire parler et penser par eux-mêmes. Car c’est en posant des problèmes ou mieux encore en aidant les élèves à les poser, qu’on a la chance de mobiliser leurs forces et de les habituer non pas au simple remplissage mais à un exercice authentique.

Les élèves, en majorité, ont la tendance à imiter leurs éducateurs, que ce soient les parents ou les professeurs. Les élèves sont extrêmement sensibles à l’état émotionnel de leur professeur. Cela justifie le soin particulier que l’on doit réserver au choix et à la formation du corps enseignant.

Enumérons quelques qualités favorables à l’établissement de bons rapports entre professeur et élève:

1. Intérêt profond pour les enfants, adolescents ou adultes.

2. Aptitude de se mettre à la place des autres, comprendre et même prévoir leurs réactions dans des situations données.

3. Bonne connaissance des matières qu’ils enseignent. Les meilleurs mathématiciens, philologues ou musiciens ne sont pas toujours les meilleurs professeurs.

4. Equilibre émotionnel: c’est certainement la qualité la plus importante. Un professeur doit être une personne calme, surtout capable de dominer ses réactions émotionnelles. Il faut avoir de la patience.

5. Esprit de justice: le professeur doit lutter la préférence des certains élèves à d’autres.

Les psychologues divisent (classent) des professeurs en trois catégories principales:

1) Les professeurs sans attitude, on les appelle les «laissez-faire», parce qu’ils permettent aux élèves de faire ce qu’ils veulent. Ils se limitent à peine à donner leurs leçons sans se préoccuper de la participation des élèves. Cette position du maître amène au désordre, à l’indiscipline et au mépris pour le professeur indifférent.

2) Les professeurs dictateurs qui obligent les élèves à un rendement maximal au moyen de punitions, de critiques, de réprimandes. Ils considèrent tous les élèves comme des automates, faits pour enregistrer sans erreur tout ce qu’on dit. Cette attitude crée des sentiments de révolte et de passivité.

3) Les professeurs «leaders» ou animateurs qui essayent de comprendre chaque élève afin de développer harmonieusement toute sa personnalité. Ils encouragent les moindres efforts de chacun. Ils utilisent davantage les louanges et les récompenses.

Dans les rapports entre professeur et élève, ce sont les procédés d’animateurs qui donnent les résultats les plus productifs et placent l’enseignement au degré le plus haut.

Le véritable éducateur est celui qui sait parler pour orienter un travail en cours, qui sait se taire pour écouter parler l’élève ou laisser les élèves discuter entre eux une question d’intérêt collectif. Cultiver chez l’élève le sens de la responsabilité, le goût pour la recherche et l’objectivité scientifique ne peut se faire à travers des discours, mais au contraire par l’exemple personnel des éducateurs et par une participation active de l’élève aux études.