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Jack London. Love Of Live. Stories 2 ñòðàíèöà



dans la cour avec Marquès ne m’enchantait pas vraiment, mais

j’étais bien obligé de suivre les copains.

Je m’étais isolé sur le banc où j’avais taillé un brin de

conversation avec le gardien pendant ma colle, juste avant de

rentrer à la maison pour apprendre que mon père nous quittait,

lorsque Marquès est venu s’asseoir à côté de moi.

― Je t’ai à l’œil, me dit-il en m’empoignant par l’épaule. Ne

t’avise pas de te présenter à l’élection du délégué de classe, je

suis le plus vieux et c’est à moi que revient ce poste. Si tu veux

que je te fiche la paix, un conseil, fais-toi discret, et puis ne

t’approche pas d’Élisabeth, je dis ça pour ton bien. Tu es trop

jeune, tu n’as aucune chance, alors inutile d’espérer, tu te ferais

de la peine pour rien, petit crétin.

Il faisait beau ce matin-là dans la cour de récréation, je

m’en souviens parfaitement, et pour cause! Nos deux ombres se

côtoyaient sur le bitume. Celle de Marquès mesurait un bon

mètre de plus que la mienne, question de proportions, c’est

mathématique. Je me suis déplacé subrepticement pour que

mon ombre prenne le dessus. Marquès ne se rendait compte de

rien, moi ce petit jeu m’amusait. Pour une fois c’était moi le plus

fort, ça ne coûte rien de rêver. Marquès, qui continuait de me

massacrer l’épaule, vit Élisabeth passer près du marronnier à

quelques mètres de nous. Il se leva et me donna l’ordre de ne

pas bouger, me laissant enfin tranquille.

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Yves sortit de la remise où il rangeait son matériel. Il

s’avança vers moi, et me regarda d’un air si sérieux que je me

suis demandé ce que j’avais encore bien pu faire.

― Je suis désolé pour ton père, me dit-il. Tu sais, avec le

temps, les choses finiront peut-être par s’arranger.

Comment pouvait-il déjà connaître la nouvelle? Le départ

de mon père ne faisait quand même pas la une de la gazette du

village.

La vérité, c’est que dans les petites villes de province, tout

se sait, aucun ragot n’échappe aux uns, avides du malheur des

autres. Quand j’ai pris conscience de ça, la réalité du départ de

papa m’est retombée une deuxième fois sur les épaules, tel un

fardeau. Sûr que, dès le soir même, on en parlerait dans toutes

les maisons des élèves de ma classe. Les uns rendraient ma

mère responsable, pour les autres ce serait la faute de papa.

Dans tous les cas, je serais le fils incapable d’avoir rendu son

père suffisamment heureux pour l’empêcher de partir.

L’année commençait franchement mal.

― Tu t’entendais bien avec lui? me demanda Yves.

J’ai répondu oui d’un hochement de tête tout en regardant

fixement le bout de mes chaussures.

― La vie est mal faite, moi mon père était un salaud.

J’aurais tellement aimé qu’il quitte la maison. Je suis parti

avant lui, pour ne pas dire à cause de lui.

― Papa n’a jamais levé la main sur moi! rétorquai-je pour

éviter tout malentendu.

― Le mien non plus, répliqua le gardien.

― Si vous voulez qu’on devienne copains, il faut se dire la

vérité. Je sais bien que votre père vous frappait, il vous

entraînait au fond du jardin pour vous donner une rouste avec

sa ceinture.

Mais qu’est-ce qui m’avait pris de dire ça? Je ne savais pas

comment ces paroles étaient sorties de ma bouche. Peut-être

que j’avais eu besoin d’avouer à Yves ce que j’avais vu ce fameux

samedi alors que je rentrais de ma colle. Il me regarda droit

dans les yeux.

― Qui t’a raconté ça?

― Personne, répondis-je confus.

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― Tu es soit un fouineur, soit un menteur.

― Je ne suis pas un fouineur! Et vous, qui vous a dit pour

mon père?

― Je portais le courrier à Mme la directrice quand ta

maman a appelé pour prévenir. La directrice était si consternée

en raccrochant qu’elle en parlait à voix haute, répétant «Ces

hommes, quels salauds, des vrais salauds». Quand elle a pris

conscience que je me trouvais en face d’elle, elle s’est sentie

obligée de s’excuser. «Pas vous Yves», elle m’a dit. «Bien sûr

pas vous», elle a même répété. Tu parles, elle pense pareil de

moi, elle pense pareil de nous tous; à ses yeux on est des

salauds, mon petit, suffit d’être un homme pour appartenir au

mauvais clan. Si tu avais vu comme elle était malheureuse

quand l’école est devenue mixte. C’est bien connu, les hommes

trompent leurs femmes, et on se demande avec qui? Avec qui,

sinon avec des femmes qui trompent aussi leurs hommes? Et je

sais de quoi je parle. Tu verras, quand tu seras grand.

J’aurais voulu faire croire à Yves que je ne savais pas de

quoi il parlait, mais je venais de lui dire que notre camaraderie

ne pourrait se construire sur le mensonge. Je savais

parfaitement de quoi il parlait, depuis le jour où maman avait

trouvé un tube de rouge à lèvres dans la poche du manteau de

papa et que papa avait prétendu qu’il n’avait aucune idée de la

façon dont il était arrivé là, jurant que c’était sûrement une

mauvaise blague d’un copain de bureau. Papa et maman

s’étaient disputés toute la nuit et j’en avais plus appris en un

soir sur l’infidélité qu’avec tout ce que j’avais pu entendre dans

les séries que maman regardait à la télé. Même sans image, c’est

beaucoup plus authentique quand les acteurs du drame jouent

dans la chambre à côté de la vôtre.

― Bon, je t’ai dit comment j’ai su pour ton père, reprit

Yves, maintenant à ton tour.

La cloche sonnait la fin de la récré; Yves a grommelé

quelques mots et m’a ordonné de filer en cours. Il a ajouté que

nous n’en avions pas fini, tous les deux. Il est reparti vers sa

remise et moi vers ma classe.

Je marchai face au soleil et me retournai soudain; l’ombre

qui me suivait était à nouveau toute petite, celle qui devançait le

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gardien, bien plus grande. En ce début de semaine, une chose

au moins était redevenue normale et ça me rassurait

terriblement. Maman avait peut-être raison, j’avais trop

d’imagination et ça me jouait parfois des sales tours.

*

**

Je n’écoutai rien en cours d’anglais. D’abord je n’avais pas

pardonné à Mme Schaeffer de m’avoir collé et puis de toute façon

j’avais l’esprit ailleurs. Pourquoi ma mère avait-elle téléphoné à

la directrice pour lui raconter sa vie, notre vie? Elles n’étaient

pas meilleures amies que je sache, et je trouvais ce genre de

confidence tout à fait déplacé. Est-ce qu’elle imaginait les

conséquences pour moi quand la nouvelle se répandrait? Je

n’avais plus aucune chance avec Élisabeth. En supposant qu’elle

aime les garçons à lunettes et de petite taille, ce qui déjà était

une supposition relativement optimiste, qu’elle soit attirée par

le contraire d’un Marquès, genre grand type baraqué et assez

sûr de lui, comment pourrait-elle rêver d’un avenir avec

quelqu’un dont le père avait quitté la maison pour toutes les

raisons qu’on connaissait, la principale étant que son fils ne

valait pas la peine de rester?

J’ai ruminé cette pensée à la cantine, en cours de

géographie, à la récréation de l’après-midi et sur le chemin de la

maison. En rentrant chez moi, j’étais bien décidé à expliquer à

ma mère la gravité du pétrin dans lequel elle m’avait fourré.

Mais en tournant la clé dans la serrure, je me dis que ce serait

trahir Yves; ma mère rappellerait la directrice dès le lendemain

pour lui reprocher de n’avoir pas su garder le secret, la

directrice n’aurait pas besoin de mener une grande enquête

pour découvrir l’origine de la fuite. En compromettant le

gardien, je compromettais aussi les chances que notre

camaraderie devienne un jour une belle amitié, et ce qui me

manquait le plus dans cette nouvelle école, c’était un ami.

Qu’Yves ait trente ou quarante ans de plus que moi m’était bien

égal. Lorsque je lui avais mystérieusement chapardé son ombre,

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j’avais ressenti qu’il était digne de confiance. Il faudrait que je

trouve un autre moyen de confondre ma mère.

Nous avons dîné devant la télé, maman n’était

pas d’humeur à me faire la conversation. Depuis le départ de

papa, elle ne parlait presque plus, comme si les mots étaient

devenus trop difficiles à prononcer.

En allant me coucher, j’ai repensé à ce qu’Yves m’avait

expliqué à la récréation: avec le temps les choses finissent

parfois par s’arranger. Peut-être que dans quelque temps

maman reviendrait me dire bonsoir dans ma chambre, comme

avant. Cette nuit-là, même les rideaux tirés sur la fenêtre

entrouverte sont restés immobiles, plus rien n’osait déranger le

silence qui régnait dans la maison, même pas une ombre dans

les plis du tissu.

*

**

On pourrait croire que le cours de ma vie changea avec le

départ de mon père, mais ce ne fut pas le cas. Papa rentrant

souvent tard du bureau, j’avais depuis longtemps pris l’habitude

de passer mes soirées en tête à tête avec ma mère. La

promenade dominicale que nous faisions à bicyclette me

manquait, mais je la remplaçai très vite par les dessins animés

que maman me laissait regarder pendant qu’elle lisait son

journal. À nouvelle vie, nouvelles habitudes; nous allions

partager un hamburger au restaurant du coin et nous nous

promenions ensuite dans les rues commerçantes. Les boutiques

étaient fermées, mais maman ne semblait pas toujours s’en

rendre compte.

À l’heure du goûter, elle me proposait invariablement

d’inviter des copains à la maison. Je haussais les épaules et lui

promettais de le faire... plus tard.

Il avait plu tout octobre. Les marronniers avaient perdu

leurs feuilles et les oiseaux se faisaient rares sur les branches

dénudées. Bientôt leur chant se tut complètement, l’hiver ne

tarderait pas.

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Chaque matin, je guettais l’apparition d’un rayon de soleil,

mais il me fallut attendre la mi-novembre pour qu’il perce enfin

la couche des nuages.

*

**

Aussitôt le ciel redevenu bleu, notre professeur de sciences

naturelles organisa une sortie en plein air. Il ne restait que

quelques jours pour aller collecter de quoi élaborer un herbier

digne de ce nom.

Un autocar affrété pour l’occasion nous déposa en lisière

de la forêt qui borde notre petite ville. Nous voilà, la section 6C

au grand complet, affrontant l’humus et la terre glissante pour

ramasser toutes sortes de végétaux, feuilles, champignons,

herbes hautes et mousses aux couleurs changeantes. Marquès

guidait la marche, tel un sergent-chef. Les filles de la classe

rivalisaient de simagrées pour attirer son attention, mais pas un

instant il ne quitta Élisabeth des yeux. À l’écart des autres, elle

faisait celle qui ne s’en rendait pas compte, mais je n’étais pas

dupe et je compris, déçu, qu’elle en était bien contente.

Pour avoir prêté trop d’attention au pied d’un grand chêne

où poussait une amanite au chapeau digne de la coiffe d’un

Schtroumpf, je me retrouvai à la traîne et isolé du groupe. En

d’autres termes, j’étais perdu. J’entendis au loin notre

professeur crier mon prénom, mais impossible d’identifier d’où

venaient ses appels.

Je tentai de rejoindre le groupe, mais je dus vite me rendre

à l’évidence, soit la forêt était sans fin, soit je tournais en rond.

Je levai la tête vers les cimes des érables, le soleil déclinait et je

commençais à avoir une sacrée trouille.

Tant pis pour mon amour-propre, je hurlai de toutes mes

forces. Les copains devaient se trouver à bonne distance, car

aucune voix ne faisait écho à mes appels au secours. Je m’assis

sur la souche d’un chêne et me mis à penser à ma mère. Qui lui

tiendrait compagnie le soir si je ne rentrais pas? Est-ce qu’elle

allait croire que j’étais parti comme papa? Lui, au moins, l’avait

prévenue. Jamais elle ne me pardonnerait de l’avoir

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abandonnée ainsi, surtout au moment où elle avait le plus

besoin de moi. Même s’il lui arrivait d’oublier ma présence

quand nous parcourions ensemble les allées du supermarché,

même si elle ne m’adressait plus souvent la parole à cause des

mots trop difficiles à prononcer, ou si elle ne venait plus me dire

bonsoir dans ma chambre, je savais qu’elle serait très

malheureuse. Mince, j’aurais dû penser à tout ça avant de

rêvasser devant ce stupide champignon. Si je le retrouvais, je le

décoifferais d’un bon coup de pied pour m’avoir joué ce mauvais

tour.

― Mais bon sang, qu’est-ce que tu fiches, imbécile?

C’était bien la première fois depuis la rentrée que j’étais

content de voir la tête de Marquès, elle apparut entre deux

hautes fougères.

― Le prof de sciences est dans tous ses états, il était prêt à

organiser une battue, je lui ai dit que j’allais te retrouver. Quand

on va à la chasse, mon paternel n’arrête pas de me dire que j’ai

un don pour dénicher le mauvais gibier. Je vais finir par croire

qu’il a raison. Tu te dépêches, oui! Tu devrais voir ta tête, je

suis sûr que si j’avais attendu encore un peu je t’aurais surpris

en larmes comme une mauviette.

Pour me balancer ces bonnes paroles, Marquès s’était

agenouillé face à moi. Le soleil était dans son dos et auréolait sa

tête, ce qui lui donnait un air encore plus menaçant que

d’habitude. Il avait collé son visage si près du mien que je

pouvais sentir les relents de son chewing-gum. Il s’est redressé

et m’a donné un coup sur le bras.

― Alors, on y va ou tu préfères passer la nuit ici?

Je me suis levé sans rien dire et je l’ai laissé faire quelques

pas en avant.

C’est lorsqu’il s’est éloigné que je me suis rendu compte

que quelque chose clochait. L’ombre que je traînais derrière moi

devait mesurer un bon mètre de plus que la normale, celle de

Marquès était toute petite, si petite que j’en ai déduit qu’il ne

pouvait s’agir que de la mienne.

Si après m’avoir sauvé Marquès découvrait que j’en avais

profité pour lui piquer son ombre, ce n’était plus mon trimestre

mais ma scolarité tout entière qui serait foutue, jusqu’à

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l’examen de sortie à mes dix-huit ans. Pas besoin d’être doué en

calcul mental pour savoir que ça représentait un paquet de

journées à vivre un cauchemar éveillé.

Je lui ai emboîté le pas aussitôt, bien décidé à ce que nos

ombres se chevauchent à nouveau pour que tout redevienne

normal comme avant, avant que papa ne quitte la maison. Tout

ça n’avait aucun sens, on ne confisque pas l’ombre de quelqu’un

comme ça! C’était pourtant bien ce qui venait de se produire,

pour la deuxième fois. L’ombre de Marquès s’était superposée à

la mienne et, lorsqu’il s’était éloigné de moi, elle était restée

accrochée au bout de mes pieds. Mon cœur battait la chamade,

j’avais les jambes en coton.

Nous avons traversé la clairière vers le chemin où le

professeur de sciences naturelles et les copains nous

attendaient. Marquès levait les bras au ciel en signe de victoire,

il avait l’air d’un chasseur et moi du trophée qu’il traînait

derrière lui. Le professeur nous faisait de grands signes, pour

que l’on se dépêche. Le bus attendait. Je sentais que j’allais

encore en prendre pour mon grade. Les copains nous

dévisageaient et je devinais les moqueries dans leurs regards.

Au moins ce soir-là, ils auraient une autre histoire à raconter

chez eux que les problèmes de couple de mes parents.

Élisabeth était déjà assise dans le bus, à la même place qu’à

l’aller. Elle ne regardait même pas par la vitre, ma disparition

n’avait pas dû beaucoup l’inquiéter. Le soleil glissait un peu plus

vers la ligne d’horizon, nos ombres s’effaçaient petit à petit,

devenant à peine visibles. Tant mieux, personne ne

remarquerait ce qui s’était produit dans la forêt.

Je grimpai dans le bus, l’air penaud. Le prof de sciences me

demanda comment j’avais fait pour me perdre et me confia que

je lui avais fichu une peur bleue, mais il avait l’air content que

tout se soit bien terminé, on en resterait là. Je suis allé

m’asseoir sur la banquette du fond et je n’ai plus dit un mot de

tout le retour. De toute façon, je n’avais rien à dire, je m’étais

perdu, voilà tout, ça arrive aux meilleurs. J’avais vu à la

télévision un documentaire sur des alpinistes chevronnés qui

s’étaient égarés dans la montagne, et moi je n’ai jamais

prétendu être un randonneur chevronné.

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Lorsque je suis rentré à la maison, maman m’attendait

dans le salon. Elle m’a pris dans ses bras et m’a serré très fort,

presque trop fort à mon goût.

― Tu t’es perdu? dit-elle en me caressant la joue.

Elle devait être reliée par talkie-walkie avec la directrice de

l’école, c’était pas possible autrement que les informations à

mon sujet circulent aussi vite.

Je lui ai expliqué ma mésaventure, elle a tenu absolument

à ce que je prenne un bain chaud. J’avais beau lui répéter que je

n’avais pas eu froid, elle ne voulait rien entendre. À croire que

ce bain allait nous laver de tous les tracas qui s’étaient abattus

sur nos vies: pour elle le départ de papa et pour moi l’arrivée de

Marquès.

Pendant qu’elle me frictionnait les cheveux avec un

shampoing qui me piquait les yeux, je fus bien tenté de lui

parler de mon problème avec les ombres, mais je savais qu’elle

ne me prendrait pas au sérieux, elle m’accuserait encore

d’affabuler, alors j’ai préféré me taire en espérant qu’il ferait

mauvais temps le lendemain, les ombres resteraient ainsi

voilées par la grisaille du ciel.

Au dîner, j’ai eu droit à du rosbif et des frites, je devrais

penser à me perdre plus souvent en forêt.

*

**

Maman entra dans ma chambre à 7 heures du matin. Le

petit déjeuner était prêt, je n’avais plus qu’à faire ma toilette, à

m’habiller et à descendre illico si je ne voulais pas être en

retard. En fait, j’aurais bien aimé arriver en retard à l’école,

j’aurais même adoré ne plus y aller du tout. Maman

m’annonça qu’il allait faire une très belle journée, et ça la

mettait de bonne humeur. J’entendis ses pas dans l’escalier et je

m’enfouis aussitôt sous ma couette. J’ai supplié mes pieds

d’arrêter de n’en faire qu’à leur tête, je les ai suppliés de ne plus

voler d’ombres et surtout de rendre la sienne à Marquès dès que

possible. Bien sûr, parler à ses pieds au petit matin ça peut

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paraître bizarre, mais il faut se mettre à ma place pour

comprendre ce que j’endurais.

Mon cartable solidement accroché dans le dos, je marchais

vers l’école en réfléchissant à mon problème. Pour procéder à

l’échange incognito, il fallait encore que l’ombre de Marquès et

la mienne se chevauchent à nouveau; ce qui signifiait aussi que

je devais trouver un prétexte pour m’approcher de Marquès et

lui adresser la parole.

La grille de l’école était à quelques mètres, j’inspirai un

grand coup avant d’entrer. Marquès était assis sur le dossier du

banc, entouré des copains qui l’écoutaient raconter ses histoires.

Le dépôt des candidatures à l’élection du délégué de classe avait

été fixé à la fin de la journée, il était en pleine campagne





Äàòà ïóáëèêîâàíèÿ: 2014-11-19; Ïðî÷èòàíî: 192 | Íàðóøåíèå àâòîðñêîãî ïðàâà ñòðàíèöû | Ìû ïîìîæåì â íàïèñàíèè âàøåé ðàáîòû!



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