Ãëàâíàÿ Ñëó÷àéíàÿ ñòðàíèöà Êîíòàêòû | Ìû ïîìîæåì â íàïèñàíèè âàøåé ðàáîòû! | ||
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nous regardait fixement, frappée par notre chagrin. Sa mère
entra dans le jardin, s’installa sur un banc et l’appela. La petite
fille nous jeta un dernier coup d’œil avant de la rejoindre. La
mère posa sur le banc une boîte en carton. La petite fille défit le
nœud de la ficelle et sortit de la boîte un pain au chocolat, la
maman attrapa un éclair au café.
― Ce week-end, ne prends aucune garde, dis-je à Sophie.
Je t’emmène loin d’ici.
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Chapitre 5
Ma mère nous attendait sur le quai de la gare. J’avais fait
de mon mieux pour apaiser Sophie, j’avais eu beau lui répéter
durant tout le trajet qu’elle n’avait aucun jugement à redouter
de sa part, rencontrer ma mère la terrifiait. Elle n’avait cessé de
remettre ses cheveux en ordre et quand elle ne tirait pas sur son
pull-over, elle ajustait le pli de sa jupe. C’était la première fois
que je la voyais vêtue autrement qu’en pantalon. Cette touche de
féminité semblait l’incommoder, Sophie avait adopté un style
garçon manqué et le cultivait tel un rempart.
Maman eut la délicatesse de lui souhaiter la bienvenue
avant de me prendre dans ses bras. Je découvris qu’elle s’était
acheté une petite voiture, une occasion qui ne payait pas de
mine, mais maman s’y était suffisamment attachée pour l’avoir
affublée d’un petit nom. Ma mère donnait facilement des noms
aux objets. Je l’ai surprise un jour à souhaiter une bonne
journée à la théière qu’elle essuyait méticuleusement, avant de
la ranger sur le rebord de la fenêtre, le bec verseur tourné vers
l’extérieur pour qu’elle profite de la vue. Et dire qu’elle m’a
toujours reproché d’avoir trop d’imagination.
Dès que nous arrivâmes à la maison, la fameuse théière,
baptisée Marceline en souvenir d’une vieille tante qui portait ce
prénom, reprit du service. Un quatre-quarts aux pommes nappé
de sirop d’érable nous attendait sur la table du salon. Maman
nous posa mille questions sur nos emplois du temps, nos soucis
et nos joies. Parler ainsi de nos vies à l’hôpital ravivait des
souvenirs auxquels elle tenait. Elle qui jamais ne me parlait de
son métier en rentrant le soir raconta sans se faire prier une
foison d’anecdotes sur son passé d’infirmière, mais en
s’adressant toujours à Sophie.
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Au cours de la conversation, elle nous demanda sans cesse
jusqu’à quand nous pensions rester. Sophie, qui avait fini par
décroiser les jambes et se tenir moins droite, vint enfin à ma
rescousse, répondant à son tour à quelques-unes des mille
questions.
Profitant de ce répit, j’attrapai nos bagages pour les monter
à l’étage. Alors que je grimpais l’escalier, ma mère me cria
qu’elle avait préparé la chambre d’amis pour Sophie et mis une
parure de draps neufs sur mon lit. Et puis elle ajouta qu’il était
peut-être devenu trop petit pour moi. Je souriais en gravissant
les dernières marches.
La journée était belle, maman nous proposa d’aller prendre
l’air pendant qu’elle préparerait le dîner. J’emmenai Sophie
découvrir la ville de mon enfance. Il n’y avait pas grand-chose à
lui montrer.
Nous suivions ce chemin que j’avais parcouru tant de fois,
rien n’avait changé. Je passai devant un platane dont j’avais
griffé l’écorce à la pointe d’un canif un jour de mélancolie. La
cicatrice s’était refermée, emprisonnant dans la veine du bois
une inscription dont j’étais pourtant très fier à l’époque:
«Élisabeth est moche.»
Sophie me demanda de lui parler de mon enfance. Elle
avait passé la sienne dans une capitale, l’idée de lui avouer que
notre activité du samedi consistait à nous rendre au
supermarché ne m’enchantait pas. Quand elle voulut savoir
comment j’occupais mes journées, je poussai la porte d’une
boulangerie et lui répondis.
― Viens, je vais te montrer.
La mère de Luc était assise derrière sa caisse. Lorsqu’elle
me vit, elle abandonna son tabouret, fit le tour de son comptoir
et se précipita dans mes bras.
Oui, j’avais grandi, c’était inévitable, et puis il était temps.
J’avais mauvaise mine, peut-être à cause de mes joues mal
rasées. Pour sûr, j’avais perdu du poids. La grande ville, ce n’est
pas bon pour la santé. Si les étudiants en médecine tombaient
malades, qui allait soigner les gens?
La mère de Luc était joyeuse en nous offrant toutes les
pâtisseries dont nous aurions envie.
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Elle s’arrêta de parler pour regarder Sophie et me fit un
sourire complice. Comme j’avais de la chance, elle était bien
jolie.
Je demandai des nouvelles de Luc. Mon copain dormait
juste au-dessus; les horaires des étudiants en médecine n’ont
rien à envier à ceux des apprentis boulangers. Elle nous pria de
bien vouloir garder la boulangerie pendant qu’elle allait le
chercher.
― Tu sais encore comment accueillir un client! dit-elle en
me lançant un clin d’œil avant de disparaître dans l’arrière-
boutique.
― Qu’est-ce que nous faisons ici exactement? questionna
Sophie.
Je m’installai derrière le comptoir.
― Tu veux un éclair au café?
Luc arriva, les cheveux en bataille. Sa mère n’avait rien dû
lui dire, car il écarquilla les yeux en me voyant.
J’aurais juré qu’il avait davantage vieilli que moi. Lui non
plus n’avait pas bonne mine, peut-être à cause de la farine sur
ses joues.
Nous ne nous étions pas revus depuis mon départ et cette
longue absence se ressentait. Chacun cherchait ses mots, la
phrase qu’il convenait de dire. Une distance s’était créée, il
fallait que l’un de nous fasse un premier pas, même si la pudeur
nous retenait tous deux. Je lui ai tendu la main, il m’a ouvert les
bras.
― Mon salaud, tu étais où tout ce temps-là? Tu en as tué
combien, des patients, pendant que je faisais des pains au
chocolat?
Luc a défait son tablier. Pour une fois, son père pourrait
bien se débrouiller sans lui.
Nous sommes allés nous promener en compagnie de
Sophie, et sans que nous nous en rendions compte, nos pas
nous ramenèrent sur le chemin où notre amitié était née, là où
elle avait connu ses plus belles années.
Devant les grilles de l’école nous regardions, silencieux, la
cour de récréation. À l’ombre d’un grand marronnier, je crus
voir l’ombre d’un petit garçon malhabile qui ramassait des
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feuilles. Le vieux banc était inoccupé. J’aurais voulu entrer et
pouvoir avancer jusqu’à la remise.
J’avais laissé mon enfance ici. Que les marronniers en
témoignent, j’avais tout fait pour la quitter, un vœu, toujours le
même, à chaque étoile filante lorsqu’elles sillonnaient le ciel à la
mi-août. J’avais tant souhaité sortir de ce corps trop étroit, alors
pourquoi Yves me manquait-il autant cet après-midi-là?
― On a fait les quatre cents coups ici, dit Luc en se forçant
à rigoler. Tu te souviens ce qu’on a pu se marrer!
― Pas tous les jours non plus, lui répondis-je.
― Non, pas tous les jours, mais quand même...
Sophie toussota, non qu’elle s’ennuyât en notre compagnie,
mais l’idée d’aller profiter des derniers rayons du soleil da ns le
jardin la tentait. Elle était certaine de retrouver le chemin;
après tout, il suffisait d’aller tout droit. Et puis, elle tiendrait un
peu compagnie à ma mère, dit-elle en s’en allant.
Luc attendit qu’elle s’éloigne et siffla entre ses dents.
― Tu ne t’ennuies pas, mon salaud. J’aurais aimé, comme
toi, poursuivre des études, faire un tour de manège
supplémentaire, dit-il en soupirant.
― Tu sais, la fac de médecine, ce n’est pas vraiment Luna
Park.
― La vie active non plus, tu sais. Enfin, on porte tous les
deux une blouse blanche au travail, ça nous fait encore un point
commun.
― Tu es heureux? lui demandai-je.
― Je travaille avec mon père, ce n’est pas facile tous les
jours, j’apprends un métier. Je commence à gagner un peu ma
vie, et puis je m’occupe de ma petite sœur, elle a bien grandi.
Les horaires sont durs à la boulangerie, mais je ne peux pas me
plaindre. Oui, je crois que je suis heureux.
Pourtant, la lumière qui brillait jadis dans tes yeux me
semblait éteinte, j’avais l’impression que tu m’en voulais d’être
parti, de t’avoir laissé.
― Et si on passait la soirée ensemble? proposai-je.
― Ta mère ne t’a pas vu depuis des mois, et puis ta copine,
tu en ferais quoi? Ça fait longtemps, vous deux?
― Je ne sais pas, répondis-je à Luc.
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― Tu ne sais pas depuis combien de temps tu sors avec
elle?
― Sophie et moi c’est une amitié amoureuse, marmonnai-
je.
En réalité, j’étais bien incapable de me souvenir à quand
remontait notre tout premier baiser. Nos lèvres avaient glissé
un soir où j’étais venu lui dire au revoir en finissant ma garde,
mais il faudrait que je pense à lui demander si elle considérait
cela comme une première fois. Un autre jour, alors que nous
nous promenions au parc, je lui avais offert une glace et, tandis
que j’ôtais du doigt un éclat de chocolat sur ses lèvres, elle
m’avait embrassé. Peut-être était-ce ce jour-là que notre amitié
avait dérapé. Était-il si important de se souvenir du premier
instant?
― Tu comptes construire quelque chose avec elle?
questionna Luc. Je veux dire quelque chose de sérieux? Pardon,
c’est peut-être indiscret, s’excusa-t-il aussitôt.
― Avec nos horaires de dingues, lui dis-je, si nous arrivons
à passer deux soirées ensemble dans la semaine, c’est déjà une
prouesse.
― Possible, mais avec ses horaires de dingue, elle a quand
même trouvé le temps de te consacrer tout un week-end et de
venir le passer dans ce trou perdu, ça veut bien dire quelque
chose. Ça mérite mieux que de rester seule avec ta mère
pendant que tu papotes avec un vieux copain. Moi aussi
j’aimerais bien avoir quelqu’un dans ma vie, mais les jolies filles
de l’école ont déserté ce patelin. Et puis, qui voudrait faire sa vie
avec quelqu’un qui se couche à 8 heures et se lève au milieu de
la nuit pour aller pétrir le levain?
― Ta mère a bien épousé un boulanger.
― Ma mère ne cesse de me dire que les temps ont changé,
même si les gens ont toujours besoin de manger du pain.
― Viens ce soir à la maison, Luc, nous repartons demain et
je voudrais...
― Je ne peux pas, je commence à 3 heures du matin, il faut
que je dorme, sinon je ne fais pas du bon boulot.
Luc, où es-tu passé mon vieux, où as-tu caché nos fous
rires d’antan?
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― Tu as renoncé à la mairie?
― Il faut un minimum d’études pour faire de la politique,
répondit Luc en ricanant.
Nos ombres s’étiraient sur le trottoir. Au cours de ma
scolarité j’avais toujours veillé à ne jamais dérober la sienne, et
si involontairement cela m’était arrivé en de rares occasions, je
la lui avais rendue aussitôt. Un ami d’enfance, c’est sacré. C’est
peut-être en pensant à cela que j’ai fait un pas en avant, parce
que je l’aimais trop pour faire semblant de ne pas avoir entendu
ce qu’il s’interdisait de me dire.
Luc n’y a vu que du feu. L’ombre qui me précédait n’était
plus la mienne, mais comment aurait-il pu s’en rendre compte?
Nos ombres étaient maintenant de tailles identiques.
J’ai laissé mon copain devant la porte de sa boulangerie. Il
m’a pris à nouveau dans ses bras et m’a dit combien cela lui
avait fait plaisir de m’avoir revu. Nous devrions nous téléphoner
de temps à autre.
Je suis rentré à la maison avec une boîte de pâtisseries que
Luc avait tenu à m’offrir. En souvenir du bon vieux temps,
avait-il dit en me tapant sur l’épaule.
*
**
Au cours du dîner, maman engagea la conversation avec
Sophie. À travers les questions qu’elle lui posait, c’était ma vie
qu’elle interrogeait, Maman est si pudique. Sophie lui demanda
quel genre d’enfant j’avais été. C’est toujours étrange lorsque
l’on parle de vous en votre présence, plus encore quand les
protagonistes feignent d’ignorer que vous êtes à côté d’eux.
Maman assura que j’étais un garçon tranquille, mais elle
ignorait tant de choses de l’enfance que j’avais vraiment vécue.
Elle marqua une courte pause et déclara que je ne l’avais jamais
déçue.
J’aime les rides qui se sont formées autour de sa bouche et
de ses yeux. Je sais qu’elle les déteste; moi, elles me rassurent.
C’est notre vie à tous les deux que je lis sur son visage. Ce n’était
peut-être pas mon enfance qui me manquait depuis mon retour
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ici, mais ma mère, nos moments complices, nos samedis après-
midi au supermarché, les repas que nous partagions le soir,
parfois dans le plus grand silence mais si proches l’un de l’autre,
les nuits où elle venait me rejoindre dans ma chambre,
s’allongeant à côté de moi, glissant la main dans mes cheveux.
Les années ne passent qu’en apparence. Les moments les plus
simples sont ancrés en nous à jamais.
Sophie lui parla de la disparition d’un petit garçon qu’elle
n’avait pu sauver, de la difficulté à donner le meilleur de soi en
se préservant du chagrin qu’engendre l’échec. Maman lui
répondit qu’avec les enfants, le renoncement était une
souffrance encore plus terrible. Certains médecins réussissaient
à s’endurcir plus que d’autres mais elle jura que, pour chacun
d’eux, la difficulté de perdre un patient était la même. Il m’est
arrivé de me demander si je n’avais pas fait médecine dans
l’espoir de guérir un jour ma mère des blessures de son
existence.
Le dîner passé, maman se retira discrètement. J’entraînai
Sophie vers le jardin, à l’arrière de la maison. La nuit était
douce, Sophie posa sa tête sur mon épaule et me remercia de
l’avoir éloignée quelques heures de l’hôpital. Je m’excusai des
bavardages de ma mère, de n’avoir su trouver une idée de week-
end plus intime.
― Que voulais-tu trouver de plus intime qu’ici? Je t’ai
parlé cent fois de moi, cent fois tu m’as écoutée mais toi tu ne
dis jamais rien. Ce soir, j’ai l’impression d’avoir rattrapé un peu
de mon retard.
La lune se levait, Sophie me fit remarquer qu’elle était
pleine. Je redressai la tête et regardai la toiture de la maison.
L’ardoise luisait.
― Viens, lui dis-je en l’entraînant par la main, ne fais pas
de bruit et suis-moi.
Lorsque nous arrivâmes au grenier, j’invitai Sophie à se
mettre à genoux pour se faufiler sous les combles. Assis devant
la lucarne, je l’ai embrassée. Nous sommes restés un long
moment à écouter le silence qui nous enveloppait.
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Le sommeil eut raison de Sophie. Elle me laissa et, avant
de refermer la trappe, me dit que si mon lit était trop petit, je
pouvais venir la rejoindre dans le sien.
*
**
Plus aucun bruit dans la maison. J’ai ouvert une boîte en
carton et, fouillant parmi ces trésors d’enfance, j’ai eu soudain
une étrange impression. Comme si mes mains redevenaient plus
petites, comme si un monde que j’avais délaissé se reformait
autour de moi. Les premiers rayons de lune vinrent effleurer le
plancher du grenier. Je me redressai et me cognai la tête à une
poutre, retour à la réalité, mais devant moi, je vis apparaître une
ombre, elle s’allongeait, aussi fine qu’un trait de crayon. Elle se
hissa sur une malle, j’aurais juré qu’elle s’y était assise. Elle me
regardait, attendant par défi que je parle le premier. Je tins bon.
― Ainsi tu as fini par revenir, me dit-elle. Je suis heureuse
que tu sois là, nous t’attendions.
― Vous m’attendiez?
― C’était inévitable, nous savions que tôt ou tard tu
reviendrais.
― J’ignorais hier encore que je serais là ce soir.
― Tu crois que ta présence ici est un hasard? La petite fille
qui jouait à la marelle était notre émissaire. Nous avions besoin
de toi.
― Qui es-tu?
― Je suis la déléguée. Même si la classe s’est dispersée,
nous continuons à veiller sur vous, les ombres ne vieillissent pas
de la même façon.
― Qu’attendez-vous de moi?
― Combien de fois t’a-t-il tiré des griffes de Marquès? Te
rappelles-tu tes moments de solitude qu’il comblait à grand
renfort de blagues, à grand renfort de rires? Te souviens-tu des
après-midi où il se joignait à toi sur le chemin de l’école, de ces
heures que vous passiez ensemble? Il était ton meilleur ami,
n’est-ce pas?
― Pourquoi me dis-tu cela?
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― Un soir, dans ce grenier, tu regardais une photo que je
t’avais offerte et je t’ai entendu demander: «Où est passé tout
cet amour?» Alors à mon tour de te poser une question. Cette
amitié, qu’en as-tu fait?
― Tu es l’ombre de Luc?
― Si tu me tutoies, c’est que tu sais à qui j’appartiens.
La lune déclinait vers la droite de la lucarne. Je vis l’ombre
glisser subrepticement de la malle vers le plancher, ses traits
s’affinaient.
― Attends, ne pars pas, qu’est-ce que je dois faire?
― Aide-le à changer de vie, emmène-le avec toi. Souviens-
toi, celui de vous deux qui devait faire médecine, c’était lui. Il
n’est pas trop tard, il n’est jamais trop tard quand on aime, aide-
le à devenir ce qu’il voulait être. Tu le sais depuis toujours.
Désolée de devoir te fausser compagnie mais l’heure tourne, je
n’ai pas le choix. Au revoir.
La lune avait quitté la lucarne et l’ombre s’estompa entre
deux boîtes en carton.
Je refermai la trappe du grenier et allai rejoindre Sophie.
Je me glissai dans son lit, elle se blottit contre moi et se
rendormit aussitôt. Je restai de longues minutes les yeux
ouverts dans le noir. La pluie s’était mise à tomber, j’écoutai le
clapotis de l’eau sur l’ardoise, le bruissement des feuilles dans
les haies d’églantiers. Chaque bruit de la nuit dans cette maison
m’était familier.
*
**
Il devait être 9 heures quand Sophie s’étira. Ni elle ni moi
n’avions autant dormi depuis des mois.
Nous descendîmes à la cuisine où une surprise nous
attendait. À la table, Luc discutait avec ma mère.
― Normalement à cette heure-là je vais me coucher, mais
je n’allais pas vous laisser repartir sans venir vous dire au
revoir. Tiens, me dit-il, je vous ai apporté un petit quelque
chose. Je les ai faits tôt ce matin en pensant à vous, c’est une
fournée spéciale.
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Luc nous tendit un panier en osier rempli de croissants et
de pains au lait encore tièdes.
― Alors? interrogea-t-il, attendri, en regardant Sophie se
régaler.
― Alors, c’est le meilleur pain au lait que j’aie jamais
mangé, répondit-elle.
Maman s’excusa de devoir nous laisser, elle avait à faire au
jardin.
Sophie s’empara d’un croissant et je vis dans les yeux de
Luc que l’appétit de mon amie lui procurait un immense plaisir.
― C’est un bon toubib, mon copain? demanda-t-il à
Sophie.
― Pas forcément celui doté du meilleur caractère mais oui,
il sera un très bon médecin, dit-elle, la bouche pleine.
Luc voulait tout savoir de notre quotidien à l’hôpital, tout
apprendre. Et, tandis que Sophie lui racontait nos journées, je
voyais combien nos vies le faisaient rêver.
À son tour Sophie l’interrogea sur les quatre cents coups
Äàòà ïóáëèêîâàíèÿ: 2014-11-19; Ïðî÷èòàíî: 163 | Íàðóøåíèå àâòîðñêîãî ïðàâà ñòðàíèöû | Ìû ïîìîæåì â íàïèñàíèè âàøåé ðàáîòû!