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Jack London. Love Of Live. Stories 1 ñòðàíèöà



Roman

VERSILIO

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À Pauline, Louis et Georges

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«Il est des gens qui n’embrassent que des ombres; ceux-là

n’ont que l’ombre du bonheur.»

William SHAKESPEARE

«L’amour, tu sais, ce dont il a le plus besoin, c’est

l’imagination. Il faut que chacun invente l’autre avec toute son

imagination, avec toutes ses forces et qu’il ne cède pas un pouce

de terrain à la réalité; alors là, lorsque deux imaginations se

rencontrent... il n’y a rien de plus beau.»

Romain GARY

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J’ai eu peur de la nuit, peur des formes qui s’invitaient

dans les ombres du soir, qui dansaient dans les plis des rideaux,

sur le papier peint d’une chambre à coucher. Elles se sont

évanouies avec le temps. Mais il me suffit de me souvenir de

mon enfance pour les voir réapparaître, terribles et menaçantes.

Un proverbe chinois dit qu’un homme courtois ne marche

pas sur l’ombre de son voisin, je l’ignorais le jour où je suis

arrivé dans cette nouvelle école. Mon enfance était là, dans cette

cour de récréation. Je voulais la chasser, devenir adulte, elle me

collait à la peau dans ce corps étroit et trop petit à mon goût.

«Tu verras, tout va bien se passer...»

Rentrée des classes. Adossé à un platane, je regardais les

groupes se former. Je n’appartenais à aucun d’eux. Je n’avais

droit à aucun sourire, aucune accolade, pas le moindre signe

témoignant de la joie de se retrouver à la fin des vacances et

personne à qui raconter les miennes. Ceux qui ont changé

d’école ont dû connaître ces matinées de septembre où, gorge

nouée, on ne sait que répondre à ses parents quand ils vous

assurent que tout va bien se passer. Comme s’ils se souvenaient

de quelque chose! Les parents ont tout oublié, ce n’est pas de

leur faute, ils ont juste vieilli.

Sous le préau, la cloche retentit et les élèves s’alignèrent en

rangs devant les professeurs qui faisaient l’appel. Nous étions

trois à porter des lunettes, ce n’était pas beaucoup.

J’appartenais au groupe 6C, et une fois encore, j’étais le plus

petit. On avait eu le mauvais goût de me faire naître en

décembre, mes parents se réjouissaient que j’aie toujours six

mois d’avance, ça les flattait, moi je m’en désolais à chaque

rentrée.

Être le plus petit de la classe, ça signifiait: nettoyer le

tableau, ranger les craies, regrouper les tapis dans la salle de

sport, aligner les ballons de basket sur l’étagère trop haute et, le

pire du pire, devoir poser tout seul, assis en tailleur au premier

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rang sur la photo de classe; il n’y a aucune limite à l’humiliation

quand on est à l’école.

Tout cela aurait été sans conséquence s’il n’y avait pas eu,

dans le groupe 6C, le dénommé Marquès, une terreur, mon

parfait opposé.

Si j’avais quelques mois d’avance dans ma scolarité – au

grand bonheur de mes parents –, Marquès avait deux ans de

retard et ses parents à lui s’en fichaient totalement. Du moment

que l’école occupait leur fils, qu’il déjeunait à la cantine et ne

réapparaissait qu’à la fin de la journée, ils s’en satisfaisaient.

Je portais des lunettes, Marquès avait des yeux de lynx. Je

mesurais dix centimètres de moins que les garçons de mon âge,

Marquès dix de plus, ce qui créait une différence d’altitude

notoire entre lui et moi; je détestais le basket-ball, Marquès

n’avait qu’à s’étirer pour placer le ballon dans le panier;

j’aimais la poésie, lui le sport, non que les deux soient

incompatibles, mais tout de même; j’aimais observer les

sauterelles sur le tronc des arbres, Marquès adorait les capturer

pour leur arracher les ailes.

Nous avions pourtant deux points en commun, un seul en

fait: Élisabeth! Nous étions amoureux d’elle, et Élisabeth

n’avait d’yeux pour aucun de nous. Cela aurait pu créer une

sorte de complicité entre Marquès et moi, ce fut hélas la rivalité

qui prit le dessus.

Élisabeth n’était pas la plus jolie fille de l’école, mais elle

était de loin celle qui avait le plus de charme. Elle avait une

façon bien à elle de nouer ses cheveux, ses gestes étaient simples

et gracieux et son sourire suffisait à éclairer les plus tristes

journées d’automne, quand la pluie tombe sans cesse, quand

vos chaussures détrempées font flic floc sur le macadam, ces

journées où les réverbères éclairent la nuit sur le chemin de

l’école, matin et soir.

Mon enfance était là, désolée, dans cette petite ville de

province où j’attendais désespérément qu’Élisabeth daigne me

regarder, où j’attendais désespérément de grandir.

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Partie 1

Chapitre 1

Il a suffi d’une journée pour que Marquès me prenne en

grippe. Une petite journée pour que je commette l’irréparable.

Notre professeur d’anglais, Mme Schaeffer, nous avait expliqué

que le prétérit simple correspondait d’une manière générale à

un passé révolu n’ayant plus de relation avec le présent qui n’a

pas duré et que l’on peut parfaitement situer dans le temps. La

belle affaire!

Aussitôt dit, Mme Schaeffer me désigna du doigt, me

demandant d’illustrer son propos par un exemple de mon choix.

Lorsque je suggérai que ce serait drôlement chouette que

l’année scolaire fût au prétérit, Élisabeth laissa échapper un

franc éclat de rire. Ma blague n’ayant fait marrer que nous, j’en

déduisis que le reste de la classe n’avait rien compris au sens du

prétérit en anglais et Marquès en conclut que j’avais marqué des

points avec Élisabeth. C’en était fait du reste de mon trimestre.

À compter de ce lundi, premier jour de rentrée des classes, et

plus précisément de mon cours d’anglais, j’allais vivre un

véritable enfer.

J’héritai illico d’une colle de Mme Schaeffer, sentence

applicable dès le samedi matin suivant. Trois heures à ramasser

les feuilles dans la cour. Je déteste l’automne!

Le mardi et le mercredi, j’eus droit à une série de croche-

pattes de la part de Marquès. Chaque fois que je m’étalais de

tout mon long, le même Marquès récupérait son retard dans la

course à celui qui faisait le plus rire les autres. Il prit même une

certaine avance, mais Élisabeth ne trouvait pas cela drôle et son

appétit de vengeance était loin d’être rassasié.

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Le jeudi, Marquès passa à la vitesse supérieure, et moi,

l’heure du cours de maths cloîtré dans mon casier, dont il avait

cadenassé la porte après m’y avoir fait entrer de force. Je

soufflai la combinaison au gardien qui balayait les vestiaires et

avait fini par m’entendre tambouriner. Pour ne pas m’attirer

plus d’ennuis en passant pour un cafteur, je jurai m’être

bêtement enfermé tout seul en cherchant à me cacher. Le

gardien, intrigué, me demanda comment j’avais pu verrouiller le

cadenas depuis l’intérieur, je fis semblant de ne pas avoir

entendu la question et filai à toutes jambes. J’avais manqué

l’appel. Ma colle du samedi fut prolongée d’une heure par le

professeur de mathématiques.

Le vendredi fut la pire journée de ma semaine. Marquès

expérimenta sur moi les principes élémentaires de la loi de la

gravitation de Newton apprise au cours de physique de

11 heures.

La loi de l’attraction universelle, découverte par Isaac

Newton, explique en gros que deux corps ponctuels s’attirent

avec une force proportionnelle à chacune de leurs masses, et

inversement proportionnelle au carré de la distance qui les

sépare. Cette force a pour direction la droite passant par le

centre de gravité de ces deux corps.

Voilà pour l’énoncé qu’on peut lire dans le manuel. Dans la

pratique, c’est une autre histoire. Prenez un individu qui

subtiliserait une tomate à la cantine, avec une autre intention

que de la manger; attendez que sa victime se trouve à une

distance raisonnable, qu’il applique une poussée sur ladite

tomate avec toute la force contenue dans son avant-bras et vous

verrez qu’avec Marquès la loi de Newton ne s’applique pas tel

que prévu. J’en veux pour preuve que la direction empruntée

par la tomate ne suivit pas du tout la droite passant par le centre

de gravité de mon corps; elle atterrit directement sur mes

lunettes. Et au milieu des rires qui envahissaient le réfectoire, je

reconnus celui d’Élisabeth, si franc et si joli, et ça me fila un

sérieux cafard.

Ce vendredi soir, tandis que ma mère me répétait, sur un

ton sous-entendant qu’elle avait toujours raison, «Tu vois que

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tout s’est bien passé», je déposai mon bulletin de colle sur la

table de la cuisine, annonçai que je n’avais pas faim et montai

me coucher.

*

**

Le samedi matin en question, pendant que les copains

prenaient leur petit déjeuner devant la télévision, moi je pris le

chemin du collège.

La cour était déserte, le gardien replia mon bulletin de

colle dûment signé et le rangea dans la poche de sa blouse grise.

Il me remit une fourche, me demanda de prendre garde à ne pas

me blesser, et désigna un tas de feuilles et une brouette au pied

du panier de basket, dont le filet m’apparaissait tel l’œil de Caïn,

ou plutôt celui de Marquès.

Je me débattais avec mon tas de feuilles mortes depuis une

bonne demi-heure, quand le gardien vint enfin à ma rescousse.

― Mais, je te reconnais, c’est toi qui t’étais enfermé dans

ton casier, n’est-ce pas? Se faire coller le premier samedi de la

rentrée, c’est presque aussi fort que le coup du cadenas

verrouillé depuis l’intérieur, me dit-il en m’ôtant la fourche des

mains.

Il la planta d’un geste assuré dans le monticule et souleva

plus de feuilles que je n’avais réussi à en récolter depuis que

j’étais à la tâche.

― Qu’est-ce que tu as fait pour mériter cette punition?

demanda-t-il en remplissant la brouette.

― Une erreur de conjugaison! marmonnai-je.

― Mmm, je ne peux pas te blâmer, la grammaire n’a jamais

été mon fort. Tu ne sembles pas très doué non plus pour le

balayage. Est-ce qu’il y a quelque chose que tu sais bien faire?

Sa question me plongea dans une réflexion abyssale.

J’avais beau tourner et retourner le problème dans ma tête,

impossible de m’attribuer le moindre talent, et je compris

soudain pourquoi mes parents accordaient tant d’importance à

ces fameux six mois d’avance: je ne possédais rien d’autre pour

les rendre fiers de leur progéniture.

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― Il doit bien y avoir quelque chose qui te passionne, que

tu aimerais faire plus que tout, un rêve à accomplir? ajouta-t-il

en ramassant un second tas de feuilles.

― Apprivoiser la nuit! balbutiai-je.

Le rire d’Yves, c’était le prénom du gardien, résonna si fort

que deux moineaux abandonnèrent leur branche pour s’enfuir à

tire-d’aile. Quant à moi, je partis tête basse, mains dans les

poches, à l’autre bout de la cour. Yves me rattrapa en chemin.

― Je ne voulais pas me moquer, c’est juste que ta réponse

est un peu surprenante, voilà tout.

L’ombre du panier de basket s’étirait dans la cour. Le soleil

était loin d’avoir atteint son zénith, et ma punition loin d’être

achevée.

― Et pourquoi voudrais-tu apprivoiser la nuit? C’est

vraiment une drôle d’idée!

― Vous aussi quand vous aviez mon âge, elle vous

terrorisait. Vous demandiez même qu’on ferme les volets de

votre chambre pour que la nuit n’entre pas.

Yves me dévisagea, stupéfait. Ses traits avaient changé, son

air bienveillant avait disparu.

― Un, ce n’est pas vrai, et deux, comment tu peux savoir

ça?

― Si c’est pas vrai, qu’est-ce que ça peut bien faire?

répliquai-je en reprenant ma route.

― La cour n’est pas bien grande, tu n’iras pas loin, me dit

Yves en me rejoignant, et tu n’as pas répondu à ma question.

― Je le sais, c’est tout.

― D’accord, c’est vrai que j’avais très peur de la nuit, mais

je n’ai jamais raconté ça à personne. Alors si tu me dis comment

tu l’as appris et si tu me jures de garder le secret, je te laisserai

filer à 11 heures au lieu de midi.

― Tope là! dis-je en tendant la paume de ma main.

Yves me topa dans la main et me regarda fixement. Je

n’avais pas la moindre idée de la façon dont j’avais appris que le

gardien redoutait tant la nuit quand il était enfant. J’avais peut-

être simplement plaqué sur lui mes propres peurs. Pourquoi les

adultes ont-ils besoin de trouver une explication à chaque

chose?

- 10 -

― Viens, allons nous asseoir, ordonna Yves en désignant le

banc près du panier de basket.

― J’aimerais mieux qu’on aille ailleurs, répondis-je en

montrant le banc qui se trouvait à l’opposé.

― Va pour ton banc!

Comment lui expliquer que juste avant, alors que nous

étions côte à côte au milieu de la cour, il m’était apparu, à peine

plus âgé que moi? Je ne sais ni comment ni pourquoi ce

phénomène s’était produit, seulement que le papier peint de sa

chambre était jauni, que le parquet de la maison où il vivait

craquait et que ça aussi, ça lui fichait une trouille bleue dès la

nuit venue.

― Je ne sais pas, dis-je, un peu effrayé, je crois que je l’ai

imaginé.

Nous sommes restés tous deux assis sur ce banc un long

moment, en silence. Puis Yves a soupiré et m’a tapoté le genou

avant de se lever.

― Allez, tu peux filer, nous avons fait un pacte, il est

11 heures. Et tu gardes ce secret pour toi, je ne veux pas que les

élèves se moquent de moi.

Je saluai le concierge et je rentrai chez moi, avec une heure

d’avance sur l’horaire prévu, me demandant comment papa

m’accueillerait. Il était revenu tard de voyage la veille au soir et

à l’heure qu’il était, maman avait dû lui expliquer pourquoi je

n’étais pas à la maison. De quelle autre punition allais-je hériter

pour avoir été collé le premier samedi de la rentrée? Pendant

que je ressassais ces sombres pensées sur le chemin du retour,

quelque chose de surprenant me frappa. Le soleil était haut

dans le ciel et je trouvai mon ombre étrangement grande, bien

plus balèze que d’habitude. Je m’arrêtai un instant pour y

regarder de plus près; ses formes ne me correspondaient pas,

comme si ce n’était pas mon ombre qui me devançait sur le

trottoir, mais celle d’un autre. Je l’observai en détail et, à

nouveau, je vis soudain un moment d’enfance qui ne

m’appartenait pas.

Un homme m’entraînait au fond d’un jardin qui m’était

inconnu, il ôtait sa ceinture et me donnait une sérieuse

correction.

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Même furieux, jamais mon père n’aurait levé la main sur

moi. J’ai cru deviner alors de quelle mémoire resurgissait ce

souvenir. Ce qui m’est venu à l’esprit était totalement

improbable, pour ne pas dire complètement impossible. J’ai

accéléré le pas, mort de trouille, bien décidé à rentrer au plus

vite.

Mon père m’attendait dans la cuisine; lorsqu’il m’entendit

poser mon cartable dans le salon, il m’appela aussitôt, sa voix

était grave.

Pour cause de mauvaise note, de chambre en désordre, de

jouets démontés, de pillage nocturne du frigo, de lectures

tardives à la lampe de poche, le petit poste de radio de ma mère

collé sous l’oreiller, sans parler du jour où j’avais rempli mes

poches au rayon bonbons du supermarché pendant que maman

ne faisait pas attention à moi, contrairement au vigile, j’avais

réussi à provoquer dans ma vie quelques fameux orages

paternels. Mais je connaissais certaines ruses, dont un sourire

contrit irrésistible, qui savaient repousser les plus violentes

tempêtes.

Cette fois, je n’eus pas à en user, papa n’avait pas l’air

fâché, juste triste. Il me demanda de m’asseoir en face de lui à la

table de la cuisine et prit mes mains dans les siennes. Notre

conversation dura dix minutes, pas plus. Il m’expliqua tout un

tas de choses sur la vie, que je comprendrais quand j’aurais son

âge. Je n’en ai retenu qu’une: il allait quitter la maison. Nous

continuerions à nous voir aussi souvent que possible, mais il fut

incapable de m’en dire plus sur ce qu’il entendait par

«possible».

Papa se leva et me demanda d’aller réconforter maman

dans sa chambre. Avant cette conversation, il aurait dit «notre

chambre», désormais, ce ne serait plus que celle de maman.

J’obéis aussitôt et grimpai à l’étage. Je me retournai sur la

dernière marche, papa avait une petite valise à la main. Il me fit

un signe en guise d’au revoir et la porte de la maison se referma

derrière lui.

Je ne devais plus revoir mon père avant de devenir adulte.

*

- 12 -

**

J’ai passé le week-end avec maman, faisant semblant de ne

pas entendre son chagrin. Maman ne disait rien, parfois elle

soupirait et aussitôt ses yeux s’emplissaient de larmes, alors elle

se retournait pour que je ne la voie pas.

Au milieu de l’après-midi, nous nous sommes rendus au

supermarché. J’avais remarqué depuis longtemps que lorsque

maman avait le cafard, nous allions faire des courses. Je n’ai

jamais compris comment un paquet de céréales, des légumes

frais ou des collants neufs pouvaient faire du bien au moral... Je

la regardais s’affairer dans les rayonnages, me demandant si elle

se souvenait que j’étais à côté d’elle. Le caddie plein et le porte-

monnaie vide, nous sommes rentrés à la maison. Maman a

passé un temps infini à ranger les provisions.

Ce jour-là, maman a fait un gâteau, un quatre-quarts aux

pommes nappé de sirop d’érable. Elle a mis deux couverts sur la

table de la cuisine, a descendu la chaise de mon père à la cave et

elle est remontée s’asseoir en face de moi. Elle a ouvert le tiroir

près de la gazinière, sorti le paquet de bougies usées que j’avais

soufflées à mon anniversaire, en a planté une au milieu du

gâteau et l’a allumée.

― C’est notre premier dîner en amoureux, m’a-t-elle dit en

souriant, il faudra que nous nous en souvenions toujours toi et

moi.

Quand j’y repense, mon enfance était truffée de premières

fois.

Ce gâteau aux pommes et au sirop d’érable a été notre

repas du soir. Maman a pris ma main et l’a serrée dans la

sienne.

― Et si tu me racontais ce qui ne va pas à l’école, m’a-t-elle

demandé.

*

**

Le chagrin de maman avait tellement occupé mes pensées

que j’en avais oublié mes mésaventures du samedi. J’y repensai

- 13 -

sur le chemin de l’école, espérant que Marquès aurait passé un

week-end bien meilleur que le mien. Qui sait, avec un peu de

chance, il n’aurait plus besoin d’un souffre-douleur.

La file de la section 6C était déjà formée sous le préau et

l’appel n’allait pas tarder à commencer. Élisabeth était juste

devant moi, elle portait un petit pull bleu marine et une jupe à

carreaux qui descendait jusqu’aux genoux. Marquès s’est

retourné et m’a lancé un sale regard. Le cortège d’élèves est

entré dans l’établissement en file indienne.

Pendant le cours d’histoire, alors que Mme Henry nous

racontait les circonstances dans lesquelles Toutankhamon avait

perdu la vie, à croire qu’elle se trouvait près de lui au moment

de sa mort, je pensais à la récréation non sans appréhension.

La cloche allait sonner à 10 h 30, l’idée de me retrouver





Äàòà ïóáëèêîâàíèÿ: 2014-11-19; Ïðî÷èòàíî: 217 | Íàðóøåíèå àâòîðñêîãî ïðàâà ñòðàíèöû | Ìû ïîìîæåì â íàïèñàíèè âàøåé ðàáîòû!



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