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Jack London. Love Of Live. Stories 13 ñòðàíèöà



avec un air de dégoût en désignant la poubelle accrochée à un

poteau.

Le hall des Urgences était désert. J’ôtai ma blouse, attrapai

mon manteau dans le local de garde et poussai la chaise

roulante au-dehors.

Je guettais un taxi quand un ambulancier me reconnut et

me demanda où j’allais. Il terminait son service et accepta

gentiment de nous déposer. Tout aussi généreusement, il m’aida

à porter ma voisine dans l’escalier. Arrivés au cinquième étage,

nous étions à bout de souffle. Ma voisine me tendit ses clés.

L’ambulancier nous laissa et j’aidai la vieille dame à s’installer

dans son fauteuil.

Je lui promis de revenir lui apporter tout ce dont elle

pourrait avoir besoin; avec sa cheville fragilisée, il était

préférable qu’elle renonce à la cage d’escalier pendant quelque

temps. Je griffonnai mon numéro de téléphone sur une feuille

de papier, la posai en évidence sur un guéridon et lui fis

promettre de ne pas hésiter à me joindre si elle avait le moindre

problème. J’allais me retirer lorsqu’elle m’appela.

― Vous n’êtes pas très curieux, vous ne m’avez même pas

demandé mon prénom.

― Alice, vous vous appelez Alice, c’était inscrit sur votre

feuille d’admission.

― Ma date de naissance aussi?

― Également.

― C’est fâcheux.

― Je n’ai pas fait le calcul.

― Vous êtes galant mais je ne vous crois pas. Oui, j’ai

quatre-vingt-douze ans et je sais, je n’en fais que quatre-vingt-

dix!

― Bien moins, j’aurais juré que vous aviez...

- 121 -

― Taisez-vous, quoi que vous disiez ce sera toujours trop.

Vous n’êtes quand même pas très curieux, je ne vous ai toujours

pas dit ce qui m’amusait tant en arrivant à l’hôpital.

― J’avais oublié, lui avouai-je.

― Allez donc dans la cuisine, vous y trouverez un paquet de

café dans le placard au-dessus de l’évier, vous savez vous servir

d’une cafetière?

― J’imagine que oui.

― De toute façon, ça ne pourra pas être pire que le poison

que vous m’avez servi tout à l’heure.

Je préparai le café du mieux possible et revins dans le

salon un plateau dans les mains. Alice nous servit, elle but sa

tasse sans faire de commentaire, j’avais réussi l’épreuve.

― Alors, pourquoi cette bonne humeur hier soir? repris-je.

Se faire mal n’a rien de réjouissant.

Alice se pencha vers la table basse et me présenta une boîte

de biscuits.

― Mes enfants m’emmerdent, si vous saviez à quel point!

Leurs conversations m’insupportent, la femme de l’un et le mari

de l’autre m’insupportent encore plus. Ils passent leur temps à

se plaindre, ne s’intéressent à rien d’autre qu’à leurs petites vies.

Ce n’est pas faute de leur avoir enseigné la poésie. J’étais

professeur de français figurez-vous, mais ces deux imbéciles

n’avaient de goût que pour les chiffres. Je voulais échapper au

réveillon chez ma belle-fille, autant dire à un calvaire, elle

cuisine avec ses pieds, même une dinde s’autocuirait mieux.

Pour ne pas prendre le train hier matin et les rejoindre dans

leur sinistre propriété de campagne, j’ai prétendu m’être foulé la

cheville. Ils ont tous prétendu être désolés; je vous rassure, cinq

minutes, pas plus.

― Et si l’un d’eux avait décidé de venir vous chercher en

voiture?

― Aucun risque, ma fille et mon fils font un concours

d’égoïsme depuis qu’ils ont seize ans. Ils en ont quarante de plus

et personne n’a encore pu désigner le gagnant. J’étais dans ma

cuisine en train de me dire qu’à leur retour de vacances il

faudrait que je porte un bandage autour de la cheville pour

donner corps à mon mensonge quand j’ai glissé et me suis

- 122 -

retrouvée les quatre fers en l’air. À minuit moins le quart, les

pompiers sont arrivés. J’ai réussi à leur ouvrir la porte, six

beaux garçons dans mon appartement, rien que pour moi le soir

du réveillon, en lieu et place de la dinde de ma belle-fille, je n’en

demandais pas tant! Ils m’ont examinée et sanglée sur leur

civière pour descendre l’escalier. Il était minuit pile, alors que

nous allions partir pour l’hôpital, j’ai demandé au capitaine s’il

voulait bien attendre quelques instants de plus. Mon état ne

justifiait aucune urgence. Il a accepté, je leur ai offert des

chocolats, nous avons attendu le temps qu’il fallait...

― Qu’est-ce que vous attendiez?

― À votre avis? Que le téléphone sonne! Ce n’est pas

encore cette année que l’on départagera mes deux oisillons. En

arrivant à l’hôpital, je riais à cause de ma cheville qui gonflait

dans le camion de pompiers. Finalement je l’ai eu, mon

bandage.

J’ai aidé Alice à s’allonger sur son lit, j’ai allumé son poste

de télévision et l’ai laissée se reposer. Aussitôt rentré chez moi,

je me suis précipité sur le téléphone pour appeler ma mère.

- 123 -

Chapitre 8

Janvier était glacial. Luc rentra de son séjour plus motivé

que jamais par ses études. Son père lui avait tapé sur les nerfs et

sa petite sœur avait passé plus de temps avec sa console de jeux

qu’à lui parler. À ma demande, Luc était allé rendre visite à ma

mère. Il lui avait trouvé une petite mine. Elle lui avait confié une

lettre et un cadeau de Noël à me remettre.

Mon chéri,

Je sais combien ton travail t’accapare. Ne regrette rien,

j’étais un peu fatiguée le soir de Noël et me suis couchée tôt. Le

jardin est comme moi, endormi sous le givre de l’hiver. Les

haies sont blanches et le spectacle est magnifique. Le voisin est

venu me porter plus de bois qu’il n’en faut pour tenir un siège.

Le soir, j’allume ma cheminée et regarde le feu crépiter dans

l’âtre en pensant à toi et à la vie trépidante que tu mènes. Cela

me rappelle tant de souvenirs. Tu dois mieux comprendre

pourquoi il m’arrivait de rentrer épuisée à la maison et j’espère

que tu me pardonnes maintenant ces soirées où je ne trouvais

pas toujours la force de te parler. J’aimerais te voir plus

souvent, ta présence me manque, mais je suis fière et heureuse

de ce que tu accomplis. Je viendrai te voir dès les premiers

jours du printemps. Je sais que je t’avais promis une visite en

février mais avec le gel qui perdure, je préfère être prudente;

je ne voudrais pas m’imposer à toi en patiente éclopée. Si par

chance tu réussissais à prendre quelques jours, et bien qu ’en

t’écrivant cela je sache la chose impossible, j’en serais la plus

heureuse des mères.

C’est une belle année qui nous attend, en juin tu seras

diplômé et ton internat commencera. Tu le sais mieux que moi

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mais le seul fait d’écrire ces mots me rend si fière que je

pourrais les recopier cent fois.

Alors, bonne et heureuse année, mon enfant.

Ta maman qui t’aime.

P-S: Si tu n’aimes pas la couleur de cette écharpe, tant

pis, tu ne pourras pas la changer, c’est moi qui te l’ai tricotée.

Si elle est un peu de traviole, c’est normal, c’est la première fois

que je tricote et la dernière aussi, j’ai eu horreur de ça.

J’ai défait le paquet et passé l’écharpe autour de mon cou.

Luc s’est aussitôt payé ma tête. Elle était violette et plus large à

une extrémité qu’à l’autre. Mais une fois nouée, on n’y voyait

que du feu. Cette écharpe, je l’ai portée tout l’hiver.

*

**

Sophie avait réapparu à la fin de la première semaine de

janvier. J’étais passé chaque nuit dans son service, sans jamais

l’y trouver. C’est elle qui vint me rendre visite aux Urgences, le

jour de son retour. La couleur hâlée de sa peau détonnait au

milieu de la pâleur des visages environnants. Elle avait eu, me

dit-elle, besoin de prendre l’air. Je l’entraînai dans le petit café

en face de l’hôpital et nous dînâmes tous deux avant de

reprendre notre service.

― Tu étais où?

― Comme tu peux le constater, au soleil.

― Seule?

― Avec une amie.

― Qui?

― Moi aussi j’ai des amies d’enfance. Comment va ta

mère?

Elle me laissa parler un long moment et, soudain, elle posa

sa main sur la mienne et me regarda avec insistance.

― Cela fait combien de temps, toi et moi? me demanda-t-

elle.

― Pourquoi cette question?

- 125 -

― Réponds-moi. C’était quand, notre première fois?

― Le jour où nos lèvres ont glissé alors que j’étais venu te

voir dans ton service, dis-je sans aucune hésitation.

Sophie me regarda, l’air désolé.

― Le jour où je t’ai offert une glace au parc? continuai-je.

Sa mine s’assombrit encore plus.

― Je te demande une date.

J’avais besoin de quelques secondes de réflexion, elle ne

m’en laissa pas le temps.

― La première fois que nous avons fait l’amour, c’était il y

a deux ans, jour pour jour. Tu ne t’en souviens même pas. Nous

ne nous sommes pas vus depuis deux semaines et nous fêtons

cet anniversaire dans un bar miteux en face de l’hôpital, juste

parce qu’il faut bien avaler quelque chose avant de prendre

notre garde. Je ne peux plus être tantôt ta meilleure amie,

tantôt ta maîtresse. Tu es prêt à te dévouer à la terre entière, à

un étranger rencontré le matin même, et moi, je ne suis que la

bouée à laquelle tu t’accroches les jours d’orage mais que tu

délaisses aussitôt qu’il fait beau. Tu as eu plus d’attention pour

Luc en quelques mois que pour moi depuis deux ans. Que tu

refuses de le voir ou pas, nous ne sommes plus dans une cour

d’école à faire les quatre cents coups. Je suis une ombre dans ta

vie, tu es bien plus que ça dans la mienne et ça me fait du mal.

Pourquoi m’as-tu emmenée chez ta mère, pourquoi ce moment

si intime dans ton grenier, pourquoi m’avoir laissée entrer dans

ta vie si ce n’était qu’en simple visiteuse? J’ai pensé cent fois te

quitter mais je n’y arrive pas toute seule. Alors je te demande un

service, fais-le pour nous, ou si tu crois que nous avons quelque

chose à partager, même si ce n’est que pour un temps, donne-

nous vraiment les moyens de vivre cette histoire.

Sophie s’est levée et a quitté la salle. À travers la vitrine, je

l’ai vue sur le trottoir attendant que le feu passe au rouge pour

traverser la rue, il pleuvait, elle a remonté le col de sa blouse sur

sa nuque et, sans que je sache pourquoi, ce geste si anodin m’a

donné terriblement envie d’elle. J’ai vidé mes poches sur la table

pour payer l’addition et je me suis précipité à sa poursuite. Nous

nous sommes embrassés sous une averse glaciale, et entre nos

baisers, je me suis excusé du mal que je lui avais fait. Si j’avais

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su, je lui aurais aussi demandé pardon du mal que j’allais

bientôt lui faire, mais je l’ignorais encore et mon désir était

sincère.

Une brosse à dents dans un verre, deux ou trois affaires

dans un placard, un réveil sur une table de nuit, quelques livres

emportés, j’ai laissé mon studio à Luc et me suis installé chez

Sophie. Je repassais tous les jours chez moi, une petite visite de

rien du tout, comme un marin qui vient à quai vérifier les

amarres. J’en profitais chaque fois pour monter un étage de

plus. Alice se portait comme un charme. Nous faisions un brin

de conversation, elle débitait des horreurs sur ses enfants et cela

la réjouissait. J’avais laissé des consignes à Luc pour que, en

mon absence, il s’assure à son tour qu’elle ne manquait de rien.

Un soir, alors que nous nous retrouvions tous les deux par

hasard chez elle, elle nous fit une remarque pour le moins

surprenante.

― Au lieu de mettre des enfants au monde et de s’évertuer

à les élever, on ferait mieux de les adopter à l’âge adulte, au

moins on saurait à qui on a affaire. Vous deux, je vous aurais

tout de suite choisis.

Luc me regarda, stupéfait, et Alice, folle de joie devant son

effet, enchaîna.

― Ne soyons pas hypocrites, tu m’as bien dit que tes

parents te tapaient sur les nerfs, alors pourquoi les parents

n’auraient-ils pas le droit de ressentir la même chose à l’égard

de leur progéniture?

Et, comme Luc demeurait sans voix, je l’entraînai dans la

cuisine et lui expliquai en aparté qu’Alice avait une forme

d’humour particulière. Il ne fallait pas lui en vouloir, elle se

consumait de chagrin. Elle avait beau tout essayer pour rester

digne devant tant de peine, et même tenter de les haïr, rien n’y

faisait, l’amour qu’elle portait à ses enfants était le plus fort. Elle

souffrait le martyre d’avoir été abandonnée.

Ce n’est pas Alice qui m’avait confié ce secret, mais un

matin, alors que je lui rendais visite, le soleil était entré dans

son salon et nos ombres s’étaient côtoyées d’un peu trop près.

- 127 -

*

**

Aux premiers jours de mars, le personnel des Urgences fut

convoqué en assemblée générale. On avait découvert que les

dalles des faux plafonds contenaient de l’amiante. Des équipes

spécialisées devaient venir les remplacer, les travaux dureraient

trois jours et trois nuits. Pendant ce temps, un autre centre

hospitalier prendrait la relève. Le personnel était au chômage

technique tout le week-end.

J’appelai aussitôt ma mère pour lui faire part de la bonne

nouvelle, j’allais pouvoir lui rendre visite, j’arriverais le

vendredi. Ma mère resta silencieuse un instant et m’annonça

qu’elle était désolée, elle avait promis à une amie de

l’accompagner dans le Sud. L’hiver avait été particulièrement

rigoureux et quelques jours de soleil ne pouvaient pas leur faire

de mal. Le voyage était organisé depuis des semaines, les arrhes

déjà versées à l’hôtel et les billets d’avion non remboursables.

Elle ne voyait pas comment annuler. Elle avait tellement envie

de me voir, c’était vraiment idiot, elle espérait que je

comprendrais et ne lui en voudrais pas. Sa voix était si pâle que

je la rassurai aussitôt, non seulement je comprenais mais je me

réjouissais qu’elle sorte de chez elle pour faire un petit voyage.

Le printemps arriverait avec la fin du mois et, lorsqu’elle

viendrait, nous rattraperions le temps perdu.

Ce soir-là, Sophie était de garde, moi pas. Luc était en

pleines révisions et il avait besoin d’un coup de main. Après

avoir dévoré une assiette de pâtes, nous nous installâmes à mon

bureau, je jouai au professeur, il endossa le rôle de l’élève. À

minuit, il envoya son manuel de biologie valdinguer à l’autre

bout de la pièce. J’avais connu, à l’approche des examens de

première année, une tension similaire, l’envie de tout plaquer,

de fuir le risque d’échouer. J’allai récupérer le livre et repris

comme si rien ne s’était passé. Mais Luc était ailleurs et son

désarroi m’inquiétait un peu.

― Si je ne quitte pas cet endroit pendant au moins deux

jours, je vais imploser, dit-il. Je donnerai ce qui restera de mon

- 128 -

corps à la médecine. Le premier incubateur humain à avoir pété

de l’intérieur, ça devrait les intéresser. Je me vois déjà allongé

sur la table de dissection, entouré de jeunes étudiantes. Au

moins, des filles m’auront tripoté les roubignoles juste avant

que je finisse six pieds sous terre.

De cette tirade, je conclus que mon ami avait vraiment

besoin de prendre l’air. Je réfléchis à la situation et lui proposai

d’aller poursuivre ses révisions à la campagne.

― J’aime pas les vaches, me répondit-il, lugubre.

Un silence s’installa, je ne quittais pas Luc des yeux tandis

qu’il continuait de regarder dans le vague.

― La mer, dit-il. Je veux voir la mer, l’horizon jusqu’à

l’infini, le grand large, les embruns, entendre les mouettes...

― Je crois que j’ai compris le tableau, lui dis-je.

Les premières côtes se trouvaient à trois cents kilomètres,

le seul train qui s’y rendait était un omnibus, le voyage

prendrait six heures.

― Louons une voiture, tant pis, mon salaire de brancardier

y passera, c’est moi qui régale, mais je t’en supplie, emmène-

moi à la mer.

Au moment où Luc achevait sa supplique, Sophie poussa la

porte et entra dans le studio.

― C’était ouvert, dit-elle, je ne vous dérange pas?

― Je croyais que tu étais de garde?

― Moi aussi je le croyais, je me suis tapé quatre heures

pour rien. Je me suis trompée de jour, et il m’a fallu tout ce

temps-là pour me rendre compte qu’on était deux dans le

service. Quand je pense que j’aurais pu passer une vraie soirée

avec toi.

― En effet, fis-je.

Sophie me regarda longuement, sa moue présageait du

pire. J’ouvrais grand les yeux, une façon silencieuse de lui

demander ce qui n’allait pas.

― Tu pars à la mer ce week-end, si j’ai bien compris? Oh,

ne fais pas cette tête, je n’écoute pas aux portes, Luc beuglait

tellement qu’on l’entendait depuis l’escalier.

- 129 -

― Je ne sais pas, répliquai-je. Puisque tu as profité de

notre conversation, tu auras remarqué que je n’ai encore rien

répondu.

Luc suivait l’échange du regard, tel un spectateur dans les

gradins d’un court de tennis.

― Tu fais ce que tu veux, si vous avez envie de passer le

week-end ensemble, je trouverai bien à m’occuper, ne vous

inquiétez pas pour moi.

Luc avait dû deviner le dilemme auquel j’étais confronté. Il

se leva d’un bond, se jeta aux pieds de Sophie et, s’accrochant à

ses chevilles, se mit à la supplier. Je me souvenais de l’avoir vu

faire un numéro similaire pour échapper un jour à une colle de

Mme Schaeffer.

― Je t’en supplie, Sophie, viens avec nous, ne fais pas ta

bêcheuse, ne le culpabilise pas, je sais que tu aurais voulu passer

ces deux jours avec lui, mais il était sur le point de me sauver la

vie. À quoi sert de faire médecine si tu refuses de porter

assistance à une personne en danger, surtout quand la personne

en question, c’est moi? Je vais mourir asphyxié sous les livres si

vous ne me sortez pas d’ici. Viens avec nous, aie pitié, j’irai

m’installer sur la plage et vous ne me verrez pas, je serai

invisible. Je te promets de me tenir à distance, je ne dirai pas un

mot, tu finiras par en oublier que je suis là. Deux jours à la mer,

rien que vous deux et l’ombre de moi, dis oui, je t’en prie, je paie

la location de la voiture, l’essence et l’hôtel. Tu te souviens des

croissants que je n’avais faits que pour toi? Je ne te connaissais

pas, et je savais déjà qu’on allait bien s’entendre. Si tu dis oui, je

te ferai des chouquettes comme jamais tu n’en as mangé.

Sophie baissa les yeux, et demanda d’une voix très

sérieuse.

― C’est quoi, d’abord, des chouquettes?

― Raison de plus pour venir, reprit Luc, tu ne peux pas

passer à côté de mes chouquettes! Et si tu refuses, ce crétin ne

viendra pas non plus, et si je ne vais pas prendre l’air, je ne

pourrai pas reprendre mes révisions, je raterai mes examens,

bref ma carrière de médecin est entre tes mains.

― Arrête de faire l’imbécile, dit tendrement Sophie en

l’aidant à se relever.

- 130 -

Elle hocha la tête et conclut qu’il n’y en avait pas un pour

racheter l’autre.

― Deux gamins! dit-elle. Va pour la mer, et je veux mes

chouquettes dès notre retour.

Nous avons laissé Luc à ses révisions, il passerait nous

chercher le vendredi matin.

Alors que nous marchions vers chez elle, Sophie me prit





Äàòà ïóáëèêîâàíèÿ: 2014-11-19; Ïðî÷èòàíî: 164 | Íàðóøåíèå àâòîðñêîãî ïðàâà ñòðàíèöû | Ìû ïîìîæåì â íàïèñàíèè âàøåé ðàáîòû!



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